vendredi 27 août 2010

Adaptation cinématographique de la pièce de théâtre A Streetcar Named Desire de Tennessee Williams par Elia Kazan


Adaptation cinématographique de la pièce de théâtre A Streetcar Named Desire

de Tennessee Williams par Elia Kazan.




Le film A Streetcar Nemed Desire, en français Un tramway nommé désir, est une adaptation de la pièce du même nom écrite par Tennessee Williams. Cette pièce a été montée à Broadway en 1947 par Elia Kazan, lequel en a fait un film quatre ans plus tard. 
Il s’agit donc d’une adaptation particulière étant donné que c’est le même homme qui l’a adaptée pour deux média différents : la scène et l’écran. De plus, la pièce de base était déjà très imagée ce qui fait dire à Gene Philips que la pièce de Williams n’avait pas besoin d’être beaucoup réadaptée pour en faire un film[1]. Néanmoins il fallait faire attention, ce dont étaient conscients Williams et Kazan, à ce que le côté artistique de l’œuvre ne soit pas détruit par les exigences de la production et les codes filmiques.
Aussi les questions de l’adaptation seront sans doute un peu déviées. En effet, les questions de fidélité ou de trahison, les questions de transpositions et modifications culturelles ne sont pas vraiment pertinentes ici. Comme nous l’avons vu au cours, il y a deux manières principales d’interroger le travail adaptatif[2]. La première consiste à se baser sur les questions de filiation, à comparer les deux œuvres et chercher les points respectés et les aspects trahis. Il s’agit alors d’une approche génétique.
La deuxième méthode me semble plus utile ici. Il s’agit de l’approche dite pragmatique qui s’appuie sur l’œuvre dans son ensemble, sur les moyens de réception, le rendu du sens par les deux œuvres[3].
Dans un premier temps, je vais suivre une approche plutôt génétique afin de situer les deux œuvres, mais pour aller plus loin, étant donné que la filiation est assez directe entre le texte et ce film, j’appliquerai par après davantage l’approche pragmatique. Si des choses ont été modifiées, je vais tenter d’expliquer les raisons d’être de ces changements, m’interroger sur le pourquoi de cette adaptation cinématographique.

Tout d’abord il faut noter que le film n’a été réalisé que quelques années après que le texte en soit écrit et quatre ans seulement après avoir été mis en scène à Broadway. Aussi on reste dans un même contexte historique et culturel, il n’a pas fallu adapter le texte à un autre public qui serait celui d’une autre culture ou d’une autre époque. La langue d’origine est l’américain, il n’a pas fallu passer par la traduction. Aussi, selon les termes de Jakobson, on est dans un système intralingual[4]. Cela explique en partie que le texte ne change pas beaucoup, que ce soit au théâtre ou au cinéma.
Cette adaptation est une traduction intersémiotique étant donné qu’on passe d’un média à un autre. Du point de vue de la production, le fait de changer de média implique d’emblée des changements.
En effet,  étant donné que le cinéma est un média nettement plus populaire, plus universel que le théâtre ou la littérature, la censure y était appliquée plus sévèrement qu’au théâtre.
Du point de vue de la réception, on s’interroge sur la manière dont la pièce et le film ont été reçus par le public, si des modifications ont été faites afin de s’adapter aux deux publics.
Tout d’abord, le film, de même que la pièce de théâtre d’ailleurs, a été un grand succès. La pièce a été jouée plus de 800 fois. Il faut avoir cela en tête car ce n’est pas le même type de théâtre qu’on a la possibilité de voir en Belgique, et peut-être en Europe en général. En effet, le théâtre se rapproche ici d’une production de masse, on est à Broadway !
Aussi le film, même si sa portée est davantage universelle, ne vise pas un tout autre public, on ne passe pas du public du théâtre d’amateur à un public de média de masse. Il n’ y avait donc pas de transposition spécifique au niveau de la réception.  Il fallait néanmoins être sûr de faire vendre, d’où l’appel à la star qu’était Vivien Leigh.

Tennessee Williams, qui est reconnu aujourd’hui comme un des plus grands dramaturges américains, avait à l’époque déjà rencontré un grand succès avec La Ménagerie de verre montée en 1945. Un tramway nommé Désir a réitéré ce succès et l’a confirmé en tant que grand dramaturge.
Le thème de cette pièce, comme des ses autres œuvres d’ailleurs, est la folie, la violence qui éclate après avoir été trop longtemps retenue. Il voit jusqu’où un homme, une femme peuvent aller, combien de temps l’être humain peut tenir. Le personnage principal est Blanche qui finit par sombrer dans la folie. Cependant, les autres protagonistes n’en ressortent pas indemnes.
Williams joue sur l’ambiguïté des sentiments, les personnages ne savent pas s’ils s’aiment ou se haïssent, un peu des deux en général, d’ailleurs. Il veut jouer également sur l’ambiguïté des  sentiments du spectateur qui, face à la complexité des personnages ne sait pas toujours se situer…
L’ambiance des ses textes baigne dans un climat d'oppression quasi atmosphérique, un climat lourd d'avant l'orage[5]. Cette image de l’orage me semble appropriée pour cette œuvre, il y a une lourdeur très présente, une violence sous-jacente pendant tout le récit, on sait qu’à un moment ça va éclater même si on ignore quand. Mais c’est inéluctable et c’est en ce sens que cette pièce est tragique. Dès le début on sent que cela va mal finir. Cette impression a été accentuée par le film qui débute sur un générique avec une musique angoissante, dramatique. Ces premières notes nous préviennent qu’il ne s’agit pas d’une comédie. L’ambiance clair-obscur participe au même effet, on ne se repose pas dans ce film, on est tendu, attendant l’éclatement de l’orage. 
Pour passer à l’écran, il a donc fallu faire des arrangements afin de rendre le texte moins violent. Ces changements ne sont pas très nombreux et résultent davantage de contrainte de production, de pression politique que de choix artistiques.
A cette fin Kazan a un peu « adoucit les traits », il a rendu un univers moins  glauque que celui de la pièce, il a moins insisté sur l’alcoolisme, sur les sous-entendus sexuelles, amenuisant un peu la sensualité des personnages…
L’homosexualité d’Allan, le mari décédé de Blanche, n’a pas été mentionnée alors qu’elle était révélée sans ambiguïté dans le texte. Dans le film on parle de sa faiblesse.
De même il a fallu suggérer le viol sans rien en montrer. C’est également afin de mieux passer devant la censure et sous la pression de la « Catholic Legion of Decency » que la fin a été rendue plus morale, punissant Stanley en le séparant de Stella. Il a fallu la rendre plus morale et cela a dénaturé le texte.
Cette fin n’a jamais satisfait Williams. Il fallait une claire distinction entre le gentil et le méchant, il fallait inclure l’importance de certaines valeurs et de la morale. Cela a dénaturé le projet de Williams qui était justement de travailler sur la complexité à se positionner clairement face à une situation, à juger ces personnages. Kazan a néanmoins réussi à faire passer un film ambigu de par l’absence de héros et de jugement de valeurs tout au long du film, ce n’est que la fin qui vient désigner le méchant et le punir.
Néanmoins cette fin soutient la vision de Kazan. En effet, lui avait tendance à désigner le personnage et leur valeur. Il a rendu le personnage beaucoup plus antipathique, dangereux par rapport à sa description dans le texte. Il ne voulait pas laisser le public tomber sous le charme de Brando.
Comme le dit Elia Kazan lui-même, alors qu’il faisait en général changer beaucoup de choses aux scénaristes et aux dramaturges, ici, « il n’ y avait rien à toucher, c’était parfait.[6] » Il s’agit donc d’une adaptation linéaire, très proche de l’œuvre de base, la filiation est directe.
Si Kazan avait tendance à apporter de nombreuses modifications au texte, il le faisait, selon lui, dans un but de clarification. En effet, il s’agissait pour lui de mettre en scène, ou de porter à l’écran, la pensée de l’auteur. S’il considérait que cette dernière n’était pas suffisamment claire, il pouvait aller jusqu’à demander au scénariste, au dramaturge, de réécrire d’importantes parties du texte… C’est ce qui ressort de ses propos lors d’une interview : « Pour une compréhension de la nature, du tempérament et des sentiments d’un auteur, j’essaye de le mettre sur l’écran. En français il y a un mot merveilleux pour dire metteur en scène, réalisateur. J’essaye de réaliser l’auteur[7]  Pour Kazan l’écriture est la forme la plus évoluée de l’art[8], aussi a-t-il toujours eu un profond respect pour les écrivains.
C’est au nom de ce respect qu’il refuse d’être considéré comme un réalisateur qui modifierait l’œuvre. Il pense qu’il se met entièrement à son service et que c’est pour elle, pour son bien, sa vérité, qu’il peut être amené à y apporter des changements.
C’est Williams qui a demandé que la mise en scène de A Streetcar…soit confiée à Kazan qui était déjà un metteur en scène très en vue. Au début, ce dernier n’était pas très motivé : “When I read it, I must confesse, I had reservations.[9] Ce sont davantage les conditions de productions qui lui laissait une très grande liberté, inhabituelle pour l’époque et ce particulièrement à Broadway, qui ont fait qu’il a accepté.
En effet, étant donné qu’il était  déjà un metteur en scène reconnu, que Williams voulait absolument que ce soit lui qui monte sa pièce et que la productrice Selznick débutait dans le métier, il a pu poser un grand nombre d’exigences. Brenda Murphy parle à son propos d’ « artiste tyran [10]». Ainsi, contrairement aux normes en vigueur à l’époque, la productrice n’a pas eu beaucoup de poids dans les prises de décision. Habituellement c’est le producteur qui choisissait le casting, on avait besoin de son approbation pour à peu près tout. Le metteur en scène s’occupait de diriger le travail des comédiens et donnait son unité à la représentation. Le producteur avait également son mot à dire sur l’écriture du scénario, demandant au dramaturge de supprimer des passages, d’en réécrire d’autres, d’ajouter ou de supprimer des éléments.

Par la suite Kazan a encore monté trois autres pièces de Tennessee Williams : Camino Real en 1953, Cat on a Hot Tin Roof en 1955 et Sweet Bird of Youth en 1959. Il a donc une très grande connaissance des textes et de l’univers de Williams.  A travers ses mises en scènes et en collaboration avec le scénographe Jo Mielziner, il a développé dans les années 50 ce qu’on a appelé le style américain : ‘the American Style’. 
C’est un des premiers metteurs en scène, et par la suite réalisateur, à avoir travaillé avec l’auteur du texte qu’il adaptait, un échange s’est ainsi créé et sans doute le travail final est un mélange des deux visions. Cette méthodologie lui est venue du Group Theater dont il a fait partie et qui cherchait à inclure le dramaturge dans la mise en scène, c’est-à-dire dans la production, dans le faire de la pièce.
Néanmoins, pour Kazan une collaboration était possible tant qu’il s’agissait de collaborer avec lui. Il cherchait à réaliser l’auteur mais tel qu’il le comprenait.
Heureusement, Williams avait tendance à s’adapter, du moins en général, à la vision de Kazan car il avait confiance et ce qu’il appelait la magie de Kazan[11], sa faculté à faire exister, à laisser vivre le texte dans toute sa puissance.
Kazan l’influençait beaucoup, finalement il en venait à lui demander conseil lors du parachèvement de ses pièces pour les rendre plus théâtrales...

Le rôle du réalisateur ou du metteur en scène n’est pas quelque chose de clairement défini, de déterminé. Ce rôle varie énormément selon le projet poursuivi. S’agit-il d’adapter dans une volonté de simple illustration du texte ? S’agit-t-il de produire une œuvre originale en dénaturant une œuvre préexistante ? Veut-on présenter une autre interprétation de celle-ci ? Ou bien la moderniser, la rendre plus actuelle pour le public contemporain ?
On voit qu’il y a une multiplicité de projets différents dont chacun développe une compréhension différente de l’adaptation.  Ce qui me semble évident, c’est qu’on ne peut pas sortir du domaine de l’adaptation comprise en tant qu’appropriation et dès lors de trahison. Pour reprendre les mots de Jean-Claude Carrière « Tout est adaptation [12]».
Le degré zéro de la mise en scène n’existe pas. Dès qu’un autre être humain  s’empare d’une œuvre, il se l’approprie, ne fût-ce que parce que sa compréhension, sa vision de celle-ci sera d’emblée différente de celle de l’auteur.  Il n’est pas possible de seulement illustrer un texte, de simplement mettre en image ce dernier. En effet il ne faut pas oublier que tout ce qui est présenté à la scène ou à l’écran est porteur de signification. Même si on décide de ne mettre sur la scène qu’un acteur lisant le texte, le sens de celui-ci sera toujours présenté différemment que s’il était lu par une personne dans son intimité. La voix de l’acteur, ses intonations, son corps, ses moindres gestes, sont porteurs de sens… Peut-être qu’avec la surmarionnette de Craig on arriverait à maîtriser davantage cet outil qu’est l’acteur mais même avec ce moyen on n’arriverait pas à transmettre un sens, encore moins la compréhension de l’auteur…

C’est pour cela que je vais tenter d’analyser cette adaptation en partant du projet de réalisation d’Elia Kazan.
Tout d’abord il faut avoir en tête que l’ambition de Kazan au cinéma, était de parvenir à réaliser des films pareils au cinéma muet, c’est-à-dire compréhensibles sans avoir à écouter, à comprendre les dialogues. C’est donc un cinéma très visuel, gestuel qu’il s’est efforcé de produire. On pourrait dire que ce type de cinéma est très proche du théâtre étant donné l’importance qu’il donne aux gestes, aux expressions…
En effet, ses conceptions quant au jeu de l’acteur viennent du Group Theater qui s’est fort basé sur la méthode de Stanislavski ainsi que de l’Actor’s Studio qu’il a fondé en 1947 avec Cheryl Crawford et Robert Lewis[13].
C’est en ce sens que André Helbo[14], écrit que le projet de la réalisation de ce film était de pousser jusqu’à ses limites la représentation théâtrale. Les acteurs formés à l’Actor’s ont une grande pratique spectaculaire[15], aucun de leur geste n’est gratuit, tout est chargé de sens.

Le théâtre montre un ensemble, le cinéma se concentre sur des détails. C’est ce qui est mis en évidence ici avec toute une série de gestes emblématiques, de gros plans,…  
On remarque que les acteurs formés à l’ Actor’s  sont ceux qui ont le mieux représenté, le mieux réussi au cinéma. Aujourd’hui encore beaucoup de grands acteurs hollywoodiens, prenons Al Pacino et De Niro par exemple, viennent de là.
Le cinéma se veut réaliste, on n’y retrouve pas, en tous cas pas en général, la double énonciation qui est le fait spécifique de l’énonciation théâtrale. On oublie que les acteurs jouent ce qui nous permet de nous identifier à eux, de voir en eux des personnes qui nous ressemblent, qu’on peut comprendre. Cette perspective de jouer vrai est une des fins de « la méthode » développée par le Group Theater et par l’Actor’s Studio, les deux méthodes s’inspirant de Stanislavski.
Dans ce film Marlon Brando ainsi que les acteurs secondaire viennent de l’Actor’s Studio. Les acteurs qui jouent dans le film sont les mêmes que ceux qui ont joué dans la pièce, à l’exception de Vivien Leigh qui a remplacé Jessica Tandy pour le rôle de Blanche. La rencontre entre ces différents types de jeu a d’ailleurs inquiété Kazan au début.
Si Vivien Leigh vient également du théâtre, c’est le cinéma qui l’a révélée, en a fait une star grâce à son interprétation de Scarlett dans Autant en emporte le vent. En 1947, elle a joué dans une mise en scène de Laurence Olivier d’Un tramway nommé Désir où elle interprétait le rôle de Blanche. Ce sont les producteurs du film l’ont choisie pour tenir le même rôle à l’écran car Kazan et Williams ont tous deux eu un coup de cœur pour Tandy pour le rôle de Blanche. Néanmoins, la formation classique du théâtre anglais qu’a reçue Jessica Tandy a d’abord inquiété Kazan[16]. Par la suite il a su faire de cette contrainte une ressource. Il a profité de cette différence de jeu, il l’a utilisée afin de marquer la différence entre Blanche et Stanley, entre deux mondes : celui de Belle Rêve et celui des quartiers pauvres de la Nouvelle Orléans. Ainsi si le jeu de Tandy était traditionnel, classique, cela allait bien avec ce à quoi jouait Blanche, le monde de la tradition qu’elle voulait préserver et dont elle était pétrie.
Le fait que tous les acteurs interprétant les rôles principaux de ce film les ont d’abord joué au théâtre a eu une conséquence sur le film, renforçant le sentiment de pièce filmée.

Pour Florence Colombani, Elia Kazan exploite l’inconscient collectif, c’est ce qui donne autant de profondeur à ses films, ce qui leur confèrent « une épaisseur dramatique [17]». En effet, Kazan exploite  ici le passé cinématographique de Vivien Leigh, il joue sur l’univers de référence américain de son époque : tout le monde connaît Leigh dans le rôle de Scarlett, on l’associe d’emblée à elle. Kazan joue là-dessus, faisant de Blanche une Scarlett déchue, reliant les deux femmes. Cette « manœuvre » fait que Blanche est d’emblée aimée par le public car il ne peut s’empêcher de voir Scarlett. Les deux personnages féminins  ont d’ailleurs des points communs comme leur égoïsme, leur tendance pour l’alcoolisme, et pour l’autodestruction, leur absence de sens moral,... Cela favorise la réalisation du projet de Williams qui ne voulait pas rendre Blanche pathétique mais  provoquer la compassion et la compréhension du public.
De plus, le réalisateur exploite également la véritable personnalité de ses acteurs. Il a besoin de les connaître de façon intime, de faire des choses avec eux afin de comprendre comment ils fonctionnent, comment ils réagissent[18]. Bref, il a besoin de les connaître en tant qu’individus. Ses choix d’acteurs se basent donc en grande partie sur leur personnalité : « Je ne veux pas qu’on me dise un texte mais qu’on puisse vivre le rôle. [19]» Il cherche des liens entre les personnages et les acteurs. Le fait que Leigh souffrait, de même que Blanche, de maniaco-dépression a donc dû servir ses desseins. Le film est donc construit, par rapport aux acteurs du moins, sur un métadiscours filmique.[20]

Les personnages inventés par Williams sont extrêmement complexes même s’ils peuvent paraître caricaturaux au premier abord. Il y a toujours autre chose qui est en jeu. Aussi, il n’ y a pas que du texte discursif dans les pièces du Williams, on ne fait pas que raconter mais on montre également à travers un vocabulaire fort imagé. On peut parler d’une dramaturgie fortement visuelle. C’est notamment pour cela que les œuvres de Williams ont été souvent montées au cinéma et mises à l’écran, parce qu’elles sont très imagées, retiennent une puissance picturale qui donne envie de les réaliser. Il y a en elles tout un symbolisme, une imagerie qui cherche à aller au-delà des mots. A exprimer de façon plus directe, plus à même les sens que ne peut le faire un texte.

C’est peut-être grâce à cette complexité des personnages, leur réalité, et tout ce « langage extra-verbal [21]» qu’ils ont pu être aussi bien rendu par les acteurs de l’Actor’s Studio et par Kazan qui travaille beaucoup sur la complexité de l’acteur lui-même. En effet, « la méthode » se basait surtout sur l’action physique pour rendre compte de la psychologie, en veillant à préserver l’ambiguïté, « le secret des personnages[22] ».

La mise en scène de Kazan d’Un Tramway nommé désir a été qualifiée de révolutionnaire à son époque. En effet, ce dernier s’est inspiré de Stanislavski qui n’était pas encore vraiment connu en Amérique, sa méthode prônant le naturalisme du jeu et des décors n’était pas encore utilisée. Ses autres influences sont Meyerhold, Vakhtangov et les films[23], c’est-à-dire le cinéma. La pièce, la dramaturgie développée par Williams était fort proche des moyens cinématographiques. Néanmoins le passage du texte à l’écran transforme le sonore en visuel[24].
Selon Kolin[25], les moyens cinématographiques n’ont que bénéficié au texte, pouvant insister sur les effets de lumière, créer une atmosphère claustrophobique dans l’appartement du couple de Stella et Stanley,...
Pour la scénographie, Mielziner a représenté la réalité objective de façon atténuée, suggérée. Cette scénographie a été reprise dans le film où les murs de l’appartement ont été rendus amovibles afin de pouvoir rétrécir l’espace petit à petit. C’est là un effet expressionniste qui vise à expliciter le sentiment claustrophobique et la folie de Blanche[26]. 
Cette mise en scène se fait dans un espace restreint. Le deux pièces où vit le couple et où se passe presque l’entièreté est reconstitué en studio. Un espace restreint oblige une mise en scène plus imaginative, plus recherchée. La tendance générale voudrait que les mouvements de caméra soient réduits si on filme dans peu d’espace. Il est vrai que les mouvements de caméra ne sont pas très nombreux dans le film et sont assez classiques, forts statiques. Cela vient du fait que Kazan n’avait pas encore une grande pratique cinématographique et qu’il voulait faire de ce film une pièce filmée.
Il reprend à la méthode de Stanislavski  l’idée que tout ce que fait un acteur est une action. Le concept d’action est central dans le travail de mise en scène de Kazan. Travailler sur la mémoire de l’émotion, se souvenir et recréer cet état[27]. Il travaille sur le corps, sur l’extériorisation de la vie intérieure, celle-ci étant également exprimée à travers les décors, les costumes,...
Il a également beaucoup puisé chez Meyerhold et Vakhtangov pour le côté visuel, la  théâtralité. Il traite chaque personnage comme une entité psychologique, tout, les actes, les paroles, les postures, prend sens à partir de la psychologie du personnage[28].
La brusquerie de Brando, sa violence, faisait un grand effet sur la salle qui se laissait emporter, enthousiaste, prise dans l’action. On peut dire que son jeu suscitait un phénomène d’identification au personnage, ce qui n’est normalement pas le cas au théâtre qui se définit par la double énonciation et la dénégation[29]. C’est comme si le public oubliait qu’il était au théâtre, ce qui est  un phénomène anormal.
En effet, comme je viens de le dire, le théâtre ne vise pas l’identification, son essence est la dénégation de la réalité, il ne veut pas nous faire oublier où nous sommes et ce à quoi nous sommes en train d’assister, c’est-à-dire à une représentation, à un spectacle, quelque chose d’irréel. C’est le cinéma qui vise à nous emmener dans l’action, à nous identifier aux protagonistes. Il est donc possible, qu’il y avait déjà dans cette pièce quelque chose de très cinématographique, tel l’insistance sur les détails, l’orientation du point de vue du spectateur…
Comme Elia Kazan avait réalisé son premier film, Le Lys de Brooklyn, en 1945, il avait déjà une expérience cinématographique quand il a mis en scène A Streetcar et donc quand il l’a réalisé. Ce qui peut laisser supposer qu’il s’est inspiré de cet autre média pour sa mise en scène… Mais cela est difficile à vérifier étant donné qu’il ne reste pas d’enregistrement de cette pièce, il se peu que ce soit simplement, le type de jeu qui surprenait et donc créait des réactions.
Le jeu de Brando est sensuel, violent. Il joue de cette ambiguïté du personnage et nous la fait ressentir, il nous attire et en même temps nous effraie. Son jeu est physique, ce qui correspond au personnage de Stanley. En effet, ce dernier est plutôt taciturne quant à ses sentiments, c’est par ses mouvements, ses gestes, qu’on comprend ce qu’il ressent et cela est déjà perceptible dans le texte. La caméra le film souvent de près, insistant ainsi sur sa peau, sa sueur sur le t-shirt, accentuant le côté érotique du personnage.
Pour Kazan[30] il a besoin de voir tout le monde à son niveau. Ainsi il a arraché Stella à son milieu et en ressent de la fierté. Ses amis sont ses voisins, ses copains de l’armée, ils travaillent avec lui, ils sont tous du même monde. Il est perdu face à Blanche qui refuse de se mettre à son niveau, de se rabaisser à son monde. Il lui reproche ses airs de reine et ses robes et bijoux qu’il voit comme des déguisements. Le seul moyen qu’il trouve en fin de compte pour la dominer, c’est de la violer.
Pour exprimer son hédonisme, (il aime manger, fumer, boire, faire  l’amour,...), sa sensualité, Kazan utilise des objets évocateurs. Ainsi il a tout le temps une cigarette en bouche, une bouteille de bière, quelque chose à manger... Ses déplacements indiquent son attirance pour Blanche.
Ce qui compte le plus pour Kazan ce n’est pas tant ce que fait le personnage mais comment il le fait. Et c’est là le travail du réalisateur dans sa fonction de directeur des artistes. Comme il le dit lui-même: « il faut toujours s’intéresser à l’émotion plutôt qu’au fait[31] »
On pourrait, pour expliquer ceci, lier le fond et la forme et analyser un extrait du film. Prenons la scène où Mitch vient voir Blanche pour lui demander des explications. Il lui reproche de lui avoir menti, ce à quoi Blanche répond qu’elle ne lui a jamais menti dans son cœur[32]. Dans les faits elle lui a menti, mais dans le fond, dans la manière dont elle l’a fait, ce n’était pas mensonger. Elle lui explique qu’elle ne veut pas de la réalité mais de la féerie[33] : « C’est ce que je cherche à donner aux autres ! Je veux enjoliver les choses. Je ne dis pas la vérité, je dis ce qui devrait être la vérité ! Que je sois damnée si c’est un péché ! [34]» Et c’est ce qui rend le personnage de Blanche en fin de compte touchant. Elle ment, c’est un fait, mais elle ment pour rendre le monde plus beau, tel qu’elle voudrait le voir.
Tout est dans l’intention et c’est ce qui, d’une part, fait l’ambiguïté du texte de base et ce qui, d’autre part, constitue le travail des acteurs de ce film.
D’où l’importance des gestes, du ton de voix, de la façon de parler, des mots choisis.

Kazan a monté, et réalisé cette pièce sous le mode du réalisme abstrait, le « stylized realism[35] ». Il s’agit d’un naturalisme, d’un réalisme teinté de quelque chose de flou, d’abstrait. Il a puisé cette idée chez Vakhtangov par rapport à son travail sur l’expressivité du corps de l’acteur et le « réalisme imaginatif » qu’il a repris sous le nom de « réalisme poétique ». Quelque chose peut être réel et à la fois tout à fait poétique, il n’y a pas d’opposition entre les deux.
Une illustration de cette méthode, est de nous faire entendre la musique et les coups de revolver dans la tête de Blanche. La musique « Varsouvania » est utilisée pour symboliser la folie de Blanche, son éloignement par rapport à la réalité Kazan y a eu recourt afin de souligner l’idée que c’est le passé qui détruit Blanche, le suicide de son mari lors du bal où passait cet air, qu’elle n’arrive pas à se défaire de ce passé. Le temps est une notion très importante dans les écrits de Williams, c’est pour fuir les ravages du temps que ses personnages sombrent dans l’alcool ou dans la drogue.
Il y a également une certaine nostalgie chez eux. C’est ce qu’on voit avec Blanche que, d’une part son passé a détruit et, d’autre part est nostalgique d’une certaine Amérique, d’un temps révolu où les hommes étaient galants, où elle se serait fait servir… Une certaine nostalgie de l’aristocratie du Sud représentée par tous ces objets qu’elle ne quitte pas, comme ses bijoux et ses robes, son flocon d’eau de Cologne, son portefeuille… Cette apparence, Kazan parle de « masque social [36]» lui sert également à se protéger elle-même. Selon lui, ce masque ne tombe jamais et il le prend comme base, comme clef, pour expliquer le comportement de Blanche.
Ces objets ne signifient pas seulement son attachement à son apparence mais expriment symboliquement son attachement pour la tradition. En effet, ce souci de son apparence, cette exigence d’être toujours classe et parfumée est celle d’un ancien temps, d’une autre classe sociale. Aucun autre personnage n’a ce souci de l’apparence, Stella ne s’habille pas avec beaucoup de classe, on ne la voit pas dépenser de l’argent pour des vêtements. D’autres valeurs, un autre style de vie ont supplanté celui de Blanche et de Belle Rêve. Un peu comme dans la Cerisaie de Tchekhov où la disparition d’un lieu signifie la disparition d’une époque, d’une classe sociale. Les temps ont changé favorisant l’avènement d’hommes comme Stanley et faisant disparaître les femmes comme Blanche.
La dépendance de Blanche vis-à-vis des hommes est également un reste de cet ancien ordre social, le système patriarcal, où une femme ne pouvait pas survivre sans un homme et pour trouver un homme elle devait être capable de le séduire.
D’où son obsession pour son apparence. Williams a exprimé cela à travers ses bains, son amour des robes et des bijoux et le fait qu’elle parle souvent de son physique, demande des compliments. Kazan y a ajouté les gestes, montrant Blanche se regardant à de nombreuses reprises dans le miroir, sa façon de bouger... 

Williams ne cherche pas à porter de jugement, il ne veut pas décrire des gens comme étant des gens bien et d’autres comme des gens mauvais. Il décrit les gens comme ils sont ou peuvent être. C’est ce qui ressort de la lettre envoyée pas Williams à Kazan afin de lui expliquer la pièce[37]. Ce dernier s’est beaucoup inspiré de cette lettre en faisant « la clé pour la production [38]», ce qui montre que sur le fond, c’est la vision de l’auteur qu’il mettait en scène. Ainsi Williams explique que les personnages ne se comprennent pas, ne se voient pas tels que nous les voyons. Stanley ne voit pas en Blanche une femme désespérée mais une profiteuse, une calculatrice. Cela explique son attitude vis-à-vis d’elle qui peut nous sembler cruelle. Ce n’est pas seulement Stanley qui la détruit, il ne veut pas présenter ce dernier comme « le méchant ». Blanche est victime de l’incompréhension ou plutôt, d’un procès d’intention, produit par son passé.
 C’est donc une pièce centrée sur Blanche et la tragédie de l’incompréhension. Au début Stanley est présenté de façon à nous être sympathique, on le comprend. C’est Blanche qui déplaît au premier abord. Mais petit à petit on la comprend également et on commence à compatir avec cette femme qui souffre, on se rend compte qu’elle ne joue pas la fragilité mais qu’elle est vraiment fragile, au bord du gouffre. C’est la dynamique à la base du travail de Kazan. On voit que Stella en est exclue, et donc qu’elle est un personnage assez secondaire. Ce qui est central, c’est où mène la mauvaise compréhension qu’a Stanley de Blanche, à cause de ses préjugés.
Si la film ne présente pas les choses d’une façon aussi manichéenne, c’est parce que Williams a pu intervenir et insister sur le fait qu’il ne fallait pas montrer l’un comme tout blanc et l’autre comme ayant tous les tords. Nous sommes en face d’êtres humains, avec leurs bons et leurs mauvais côtés. Ce qui arrive ne peut être l’œuvre d’un seul. Il lui demande de ne pas simplifier les choses[39] mais bien de montrer les rapports, les personnages dans toute leur complexité. Il ne faut pas réduire la pièce à un jugement moral. C’est une tragédie de la subjectivité mettant en scène les confusions résultant de fait qu’on ait chacun une certaine vision des choses, que parfois on perçoit une même réalité de façon diamétralement différente.
C’est une pièce basée sur la relation triangulaire entre les trois protagonistes. Blanche est à son sommet, compliquant la relation entre le couple, faisant changer  chacun d’entre eux. Ainsi elle exerce une forte influence sur Stella, elle la domine, la subjugue, lui rappelle toute cette tradition dans laquelle elle aussi a grandi. Dans les mouvements de Stella, on sent le recul par rapport à Blanche, elle s’en éloigne et ce dès le début. Elle est tout le temps en mouvement, marche à travers l’appartement,...  Blanche et Stanley essaient chacun de rallier Stella à son camp. Néanmoins j’ai l’impression que le rôle de Stella est nettement plus négatif et secondaire que dans la pièce originale. N’est-ce pas cela que signifie la suppression de la première scène où on voit Stella chez elle, à manger des bonbons…C’est là que se met en place son personnage, qu’il est présenté au public.
Pour Kazan, Stella est comme sa sœur, c’est la protection qu’elle cherche chez Stanley, elle n’arrive à rien sans lui, ne vit que pour lui plaire…
Chez Williams le personnage est plus subtil, la sensualité du couple est beaucoup plus évidente. Celle-ci s’amenuise quelque peu chez Kazan qui tend à interpréter les rapports des personnages en rapports de force…
A la fin du film, Stella s’éloigne de Stanley, c’est dans les bras d’Eunice qu’elle va se réfugier. Pour Kazan, Blanche a changé le regard de Stella sur Stanley, pour lui elle lui a ouvert les yeux[40]. Cette fin punit Stanley, Stella le quitte, désormais elle ne vivra plus que pour son bébé comme semble le suggérer une des dernières images où elle soulève son bébé dans le ciel… Blanche est emmenée à l’hôpital psychiatrique, elle sourit au bras du médecin, elle a enfin trouvé son protecteur… Dans la pièce écrite, tandis que Blanche est emmenée Stanley prend Stella sans ses bras et lui murmure des mots doux, lui promettant qu’à présent tout ira mieux. Elle reste avec lui, il n’est donc pas puni pour son crime, on suppose que les choses reprendront le cours qu’elles suivaient avant l’arrivée de Blanche. Cette fin nettement moins hollywoodienne a paru amorale parce qu’elle ne juge pas. Elle présente les choses telles qu’elles se seraient sans doute passées dans la réalité…   

La conception de Williams et celle de Kazan ne concordaient pas quant à la représentation de l’ambiance générale de la pièce, du style de la représentation.
Williams voulait représenter la subjectivité et l’objectivité de la réalité à travers des moyens réalistes et expressionnistes, alors que Kazan défendait une représentation entre le naturalisme et l’abstraction.
Williams ne voulait pas d’un théâtre réaliste tel qu’il était pratiqué aux Etats-Unis avant la seconde guerre mondiale, il voulait de la liberté pour l’adaptation de ses pièces. Il proposait particulièrement de s’ouvrir à d’autres techniques comme celles de l’expressionnisme et ce non pour en faire quelque chose de lyrique, de poétique, mais au contraire, pour mieux montrer la réalité. Il voulait un théâtre plastique capable d’exprimer la vitalité, le changement, car c’est là qu’on saisit la réalité, la vie[41].
On peut illustrer cela par des propositions d’adaptation du texte différentes. Par exemple, pour la scène du viol[42], Williams voulait rendre l’ambiance angoissante, jouer sur les ombres, rendre les fenêtres, les formes menaçantes afin de signifier la menace qui pèse sur Blanche. Kazan a rendu cette scène beaucoup plus réaliste, se basant sur la violence déjà instaurée du personnage de Stanley et l’ambiance violente du quartier où en entend tout le temps des gens se disputer.
Le réalisme servait jusque-là, était l’outil, du théâtre commercial de Broadway. L’expressionnisme par contre était le mode du théâtre d’avant-garde. Aussi ce que proposait Williams en voulant lier les deux genres, c’était d’amener l’avant-garde à Broadway, de la faire connaître à un autre public. Pour cela il fallait adoucir les propositions avant-gardistes, les mêler au réalisme de Broadway.
Cette volonté de lier les dichotomies apparaît donc autant dans la forme qu’il voulait donner à ses pièces, que dans leur fond.
Dans les pièces suivantes, l’influence de Kazan n’a fait qu’accroître, rentrant souvent en conflit avec Williams qui lui cédait puis s’interrogeait si c’était la chose à faire[43]... D’après des critiques comme Henry Hewes, Kazan rendait les pièces plus commerciales, alors que Williams était davantage dans une recherche artistique.
Cette collaboration a été d’ailleurs été pas mal critiquée, certains[44] considérant que le travail du dramaturge devait se faire de façon autonome et qui n’appréciaient pas que la pièce écrite ressemble davantage à un script.
En effet, dans les versions de la pièce écrite -une plus fidèle au travail collectif, plus proche du spectacle et une destinée à la lecture[45]- ont été ajoutés les décors tes que conçu par Mielziner et les mouvements des acteurs tels que développés par Kazan (même si ces informations sont moins importantes, moins nombreuses dans le version pour la lecture). La pièce écrite est donc elle-même une oeuvre collective[46]. 
L’utilisation de la musique a été ostensiblement modifiée par Kazan. Dans la pièce de Williams la polka obsédant Blanche ne devait intervenir que très peu de fois. Kazan la fait jouer beaucoup plus souvent. C’est par la musique qu’il indique la folie de Blanche qui se fait de plus en plus importante, alors que Williams voulait indiquer la progression de celle-ci par des moyens expressionnistes.
Une autre modification apportée par Kazan est d’avoir rendu la pièce plus politique. Pour lui ce qui oppose principalement Blanche à Stanley, c’est leur classe politique. Cet aspect est présent dans le texte, on voit Stanley se vanter d’avoir sorti Stella de son milieu et qu’elle a aimé ça. Néanmoins, il me semble que chez Williams il s’agit d’insister surtout sur le passage d’une époque à l’autre, ce sont des représentants de deux mondes qui s’affrontent, ne se comprennent pas, s’attirent et se repousse. Ce n’est pas qu’une question de classe sociale.

En conclusion on peut dire que si la pièce Un tramway nommé désir est encore connue aujourd’hui, c’est principalement grâce au film d’Elia Kazan. Sur la plupart des éditions de cette pièce une image du film sert d’illustration à la couverture.
La performance du jeu de Brando et de Vivien Leigh participe également au succès encore actuel de ce film.
Le film est une adaptation assez fidèle du texte. Le contenu du texte ne change pratiquement pas, le texte lui-même subit très peu de coupures et de modifications. Celles-ci sont, comme cela a été vu plus haut, davantage le produit des contraintes de productions que résultant de choix artistiques. La filiation entre le méta-texte et le proto-texte est linéaire. Même si toute adaptation est trahison, on peut sans doute dire qu’ici le choix était de rester au maximum fidèle, dans les limites du possible. 
Si le théâtre défend la multifocalisation, le cinéma est un média total, ne rendant compte, à travers le montage, que du point de vue du réalisateur.
Le sens de la pièce étant de montrer les conséquences de l’incompréhension et des jugements destructeurs. Dès lors, il ne fallait pas que le film commette la même erreur, c’est-à-dire produire un point de vue réducteur sur les personnages.
Aussi, s’il a réussi à rendre compte de la plurivocité des points de vue, on peut penser qu’il a réussit a adapter fidèlement la pièce car il en aura transmis le noyau essentiel.  












Bibliographie




COLOMBANI F., Elia Kazan: Une Amérique du chaos, Pirey, Paris, 2004.

HELBO A., L’adaptation. Du théâtre au cinéma, Armand Colin/Masson, Paris, 1997.

HELBO A., Signes du spectacle. Des arts vivants aux médias, Peter Lang, Bruxelles, 2006.

MURPHY B., Tennesse Williams and Elia Kazan : a collaboration in the theatre, Cambridge
                       University Press, Cambridge, 1992.

KOLIN P., Confronting Tennesse William’s A Streetcar Named Desir. Essays in critical
                    pluralism, Greenwood Press, Wesport, 1993.

PASSEK J.-L. (sous la direction de), Dictionnaire du cinéma , Larousse, Paris, 1995.

PAVIS P., La mise en scène contemporaine. Origines, tendances, perspectives, Armand
                 Colin, Paris, 2007.


WILLIAMS T., Un tramway nommé désir, Laffont, Paris, 1958.



Reportage

Portrait d’Elia Kazan, reportage Arte de TRESGOT A. et CIMENT M., 1982.









[1] KOLIN Ph., Confronting Tennesse William’s A Streetcar Named Desir. Essays in critical pluralism,
                     Greenwood Press, Wesport, 1993, p.15.
[2]HELBO A., Signes du specatcle. Des arts vivants aux médias, Peter Lang, Bruxelles, 2006, p.75.
[3] Ibid.
[4] Ibid., p. 66.
[5] Encyclopedia Universalis
[6] Portrait d’Elia Kazan, reportage Arte de TRESGOT A .et CIMENT M., 1982.
[7] Propos adressés  à  R. BEAN, Films and Filming, mars 1962 cité par COLOMBANI F., Elia Kazan: Une
   Amérique du chaos,  Pirey, Paris, 2004, p.48.
[8] Reportage Arte, loc.cit.
[9] MURPHY B., Tennesse Williams and Elia Kazan : a collaboration in the theatre, Cambridge University Press,
                         Cambridge, 1992, p.16.
[10] Ibid., p. 17.
[11] Ibid. p.5.
[12] HELBO A., L’adaptation. Du théâtre au cinéma. Armand Colin/Masson, Paris, 1997, p.27.
[13] PASSEK J.-L. (sous la direction de), Dictionnaire du cinéma, Larousse, Paris, 1995, p.62.
[14] HELBO A., Signes du spectacle. Des arts vivants aux médias, Peter Lang, Bruxelles, 2006, p. 66.
[15] Ibid.
[16] PASSEK J.-L., op. cit., p.61.
[17]COLOMBANI F., op. cit. p.44.
[18] Emission Arte, loc.cit.
[19] Loc. cit.
[20] HELBO A., op. cit. p.77.
[21] Ibid.
[22] Ibid.
[23] MURPHY B., op.cit., p.11.
[24] HELBO A., op. cit.  p.70.
[25] KOLIN Ph., op. cit., p.16.
[26] COLOMBANI F., op. cit., p.42.
[27] Ibid. p.13.
[28] MURPHY B., op. cit., p.46.
[29] La dénégation est une notion développée par Mammoni pour définir le mode spécifique de la réception théâtrale. Cité in  HELBO A., L’adaptation. Du théâtre au cinéma, Armand Colin/Masson, Paris, 1997, p 52.
[30] MURPHY B., op. cit, p.55.
[31]COLOMBANI F., op. cit.,p.135.
[32] WILLIAMS T., Un tramway nommé désir, Laffont,  Paris, 1958, p.180.
[33]MURPHY B., op. cit, p. 210.
[34]Ibid.
[35] Ibid. p.25.
[36] Ibid. p.38.
[37] Ibid. p.24.
[38] Ibid. 
[39] Ibid.
[40]Ibid.50.
[41] Ibid. p.7.
[42] Ibid. p.55.
[43] Ainsi il a ajouté une note dans Une chatte sur un toit brûlant où il expliquer à quel point Kazan avait changé la pièce et qu’il n’était pas tout à fait persuadé de la valeur de ces changements, cité par MURPHY B., op. cit., p.4.
[44] Nancy Tischler parle de collaboration aesthétique, ibid., p.3.
[45] La reading version publiée par New Direction, ibid.
[46]Ibid.

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