La gestion culturelle du Panta Théâtre
Le Panta Théâtre. Brève présentation.
Le Panta-théâtre est une compagnie. Celle-ci se présente dans ses
différents écrits accompagnant les manifestations proposées en tant que :
« équipe de recherche et de création théâtrale, un centre de ressources
des écritures et formes contemporaines.[1] ».
Il s’agit d’une compagnie conventionnée établie dans un lieu spécifique qui est
le sien depuis sa création en 1991 au 24 rue de Bretagne dans la ville de Caen
en Basse-Normandie.
Dans cet
ancien hangar transformé en théâtre, cela fait un peu moins de vingt ans
qu’elle qu’elle y créé et accueille des spectacles.
La compagnie
a été fondée par Guy Delamotte et Véro Dahuron. Tous deux sont artistes ;
lui metteur en scène et elle actrice, s’intéressant également à la mise en
scène et à la création dramaturgique. Ils créent et participent à toutes les
activités du Panta, en même temps qu’ils s’occupent de sa gestion. En effet, à
côté des occupations qui sont les leurs en tant qu’artistes et celle de gestion
qu’ils remplissent selon leur fonction de directeurs, ils participent à des
débats et mènent des recherches sur la création contemporaine, sur la
spécificité de cette écriture en France et ailleurs, ne s’arrêtant en effet pas
au monde Occidental mais allant voir toujours ailleurs, mettant ainsi en place
un échange culturel et intellectuel avec différentes parties du monde.
et
Guy
Delamotte
Véro Dahuron
Depuis la fondation de la
compagnie, son parcours artistique a toujours été défini par la recherche
autour des dramaturgies contemporaines. Encore aujourd’hui, cette question
sous-tend toutes leurs activités. C’est donc à partir de cette dernière qu’il
s’agit d’envisager ce théâtre car les différentes activités proposées ainsi que
la gestion de ce lieu particuliers, sont en un sens les différentes réponses
apportées à cette question fondatrice. Comme le soulèvent les penseurs dits
constructivistes, il s’agit de partir de ce qui intéresse le sujet de l’étude,
de ce qui compte pour lui si on veut se donner une chance de le comprendre[2].
Le Panta-théâtre est né
suite au désir de deux professionnels du théâtre de créer un lieu uniquement
dédié aux écritures contemporaines, de mener une recherche autour de ces dernières,
d’organiser des rencontres pour faire partager leur intérêt et de jouer des
pièces uniquement tirées de ce répertoire afin de faire connaître ce pant du
théâtre encore méconnu. De par le fait qu’il s’agit d’une compagnie et non d’un
établissement, la question de son devenir se lie à celle de son identité.
En effet, s’il s’agit pour
elle d’évoluer, de se développer en de nombreux compagnonnages, il lui faut
également garder son identité propre, continuer à suivre les bases sur
lesquelles elle s’est construite. Possédant un lieu, elle est également, en un
certain sens du moins, établissement et institution. Ce lieu est, avant tout,
son « outil de travail [3]».
S’il sert également à mettre en place une programmation proposant des créations
de la compagnie ainsi que la présentation d’autres spectacles, ceux-ci le sont
toujours en rapport avec la recherche menée par la compagnie. Les autres
spectacles accueillis le sont moins pour des stratégies économiques que suite à
des coups de cœur, des rencontres faites par les deux directeurs. En effet, si
pour des raisons financières et spatiales, ce ne sont que de relativement
petites compagnies qui viennent y jouer, cette manière de procéder suit les
« fondements » précités, les pièces représentées sont principalement
celles d’auteurs contemporaines, et lorsqu’il s’agit de répertoire plus
classique, ce dernier sert à une mise en parallèle, une mise en question de la
pratique contemporaine. « (…) la diffusion de spectacle au Panta Théâtre
devient possible si les critères artistiques, librement choisis et déterminés
par son équipe, s’inscrivent dans la mise en œuvre des dispositifs consacrés
aux écritures et aux dramaturgies contemporaines. [4]».
Lieu
de travail, outil de recherche.
A travers les quelques
exemples donnés, on réalise la justesse de cette expression. En effet, comme
cela transparaît au fur et à mesure que l’on avance dans le projet artistique
et la méthode de fonctionnement de la compagnie, on met à jour l’utilisation de
son lieu. On pourrait, à mon sens, parler davantage de lieu de recherche que de
théâtre car c’est bien cette dernière qui anime toutes leurs activités.
Spectacles accueillis, spectacles créés, servent à poser les questions de la
création contemporaine. Les débats inscrivent celle-ci dans le cercle plus
large de la société et permettent au public de prendre part à ces questions qui
les concernent également.
D’autre part, le Panta
possède un important centre de documentation. Ce dernier est accessible au
public moyennant une participation financière symbolique (il s’agit d’une
cotisation de 5 euro pas an). Les 2000 ouvrages proposés sont pour la plupart
des textes d’auteurs contemporains, morts ou vivants. Beaucoup d’entre eux sont
des textes écrits par des auteurs découverts par les directeurs eux-mêmes. Il
s’agit donc d’un fond riche et rare car une partie importante de ces œuvres
n’est que peu diffusée et donc difficilement trouvable dans le commerce.
Le
Comité de lecture[5]
Un Comité de lecture fait
vivre ce fond. Une cinquantaine, soixantaine d’ouvrages sont annuellement proposés
à ses membres par Gilles Boulan, écrivain de théâtre qui dirige le comité. Les
membres qui sont pour la plupart des professionnels du spectacle, des
chercheurs ou étudiants en arts du spectacles ou en littérature, des
représentants d’établissements culturels, mais également des spectateurs
intéressés, choisissent un certain nombre de ces ouvrages et en font des
comptes-rendus, des fiches de lecture. Les directeurs du théâtre en sont
également membres, ce qui montre leur implication dans les différentes
activités proposées. Lors des rencontres
qui ont lieu tous les deux ou trois mois, ces membres se rencontrent et
discutent de leurs lectures. Un répertoire est mis en place à partir des
lectures considérées comme les plus intéressantes. Cet avis doit être partagé
par l’ensemble des lecteurs, le comité fonctionne donc de façon démocratique.
Le répertoire fait l’objet d’une publication annuelle qui est proposée à
d’autres comités de lectures ainsi qu’aux enseignants intéressés. C’est
également dans ce dernier que peuvent être choisies les pièces pour les
créations à venir. De plus, plusieurs auteurs sont également choisis et invités
par le théâtre pour un débat ainsi que pour une lecture publique, activité proposée
sous le nom de « Scènes de lecture ». Ces activités sont ouvertes à
tous et gratuites, le travail de lecture est mené par les membres du comité en
lien avec l’auteur. Enfin, le théâtre souhaite mener chaque année un compagnonnage
avec un auteur en particulier, ce dernier étant également en partie proposé par
le Comité. Il s’agit du « Compagnonnage d’auteur » et de la
« Scène d’auteur », dont l’artiste invité pour la saison 2009-2010
fut le français Frédéric Sonntag.
C’est donc la création, la
mise en voix, la possibilité de présentation en parallèle avec les questions de
dramaturgies qui sont principalement interrogées lors de ces rencontres avec
les auteurs.
Les
activités du Panta, un service public ?
Lors de sa fondation, le
Panta a posé la question de la possibilité de considérer ses actions comme des
missions d’intérêt ou de service publiques, dès lors que son centre d’intérêt
est si spécifique.
En effet, les théâtres
détenteurs de telles missions ne s’intéressent que très peu à cette
problématique et les pièces d’auteurs contemporains peu connus voir tout à fait
méconnus n’y sont pas représentées. Dès lors, on peu considérer que le Panta
vient compléter les propositions culturelles de la ville et de la région, mais
on peut également défendre le point de vue selon lequel ses propositions sont
trop spécifiques et que dès lors elles ne concernent qu’une infime partie de la
population. Suivant cette seconde idée il devrait se constituer en théâtre
privé et ne pas bénéficier d’importants subsides de l’Etat.
Cette question a été
tranchée par des experts du DRAC, la Direction régionale des affaires culturelles,
lors de la première demande d’aide par le Panta, ainsi qu’à chaque demande de
renouvellement de ce dernier, c’est-à-dire tous les trois ans. A chaque fois ce
renouvellement a été obtenu et la somme des subsides est resté relativement
stable au fur et à mesure des années. Ce faisant, la DRAC manifeste de la
confiance et de l’intérêt qu’elle accorde à ce théâtre et à ses actions,
considérées dès lors en tant que missions de service publique. Une aide
financière importante est ainsi apportée à une institution fragile, fragilité
résultant de son parti pris risqué d’une telle spécificité, échappant à toute
logique consumériste. Il s’agit d’un choix dangereux car si le répertoire classique
parvient encore tant bien que mal à déplacer les foules et à remplir les
salles, c’est bien souvent l’inverse qui a lieu pour les auteurs et les pièces
inconnues.
Par cet intérêt porté à la
scène et à la création contemporaine, c’est également un intérêt pour l’état
actuel du monde que ce théâtre affirme. Les créations sont souvent
politiquement engagés, parlant des problèmes contemporaines, que ce soit chez
nous ou ailleurs. Des débats suivent ou précèdent ces représentations pour
accentuer cette problématique essentielle pour eux. Ce faisant, ils affirment
la responsabilité non seulement artistique mais également sociale et politique
qu’ils considèrent devoir être la leur. A travers les exemples des activités
précitées, on se rend compte de l’implication de ce théâtre dans la ville. La
plupart de ses activités sont gratuites et le prix des spectacles est très bas.
On voit là la volonté de l’ouverture au plus large public possible, une volonté
d’échange et d’une nécessaire accessibilité de ce lieu pour tout un chacun.
Par l’affirmations de ces
différentes finalités, les directeurs du Panta insistent sur l’importance pour
les artistes de pouvoir bénéficier d’aides économiques afin de mener des
recherches artistiques et donc de ne pas être uniquement dépendant du succès de
leurs tournées. Ce faisant ils mettent en exergue la spécificités du travail
artistique, qui échappe aux règles pragmatiques et utilitaristes mise en place
par la gestion dans d’autres secteurs de la société (entreprise,…), secteurs
servant malheureusement trop souvent de modèles pour des institutions établies
sur d’autres logiques et finalités que l’économique. Par leur travail, ils
tentent de proposer des alternatives « à la pratique majoritaire en
vigueur dans notre profession : texte/création/tournée [6]»,
tout en considérant néanmoins que la tournée des spectacles est « la
raison d’être majoritaire qu’un spectacle puisse trouver les conditions
d’existence d’un spectacle et marquer les libertés et les limites de la
création dans le spectacle vivant. [7]».
Dès lors la durée de vie de leurs propositions théâtrales est essentielle et
ces dernières sont souvent reprises pendant plusieurs années, stratégie qui
vise à la plus large diffusion possible ainsi qu’à la fidélisation d’un public.
Une
compagnie conventionnée.
Comme cela a
été dit plus haut, le Panta-théâtre est une compagnie conventionnée. La
convention est l’un des deux types d’aide octroyé par le DRAC. Celle-ci se lie avec eux par un contrat
de trois ans, sur base d’une évaluation d’un comité d’experts qui reconnaissent
l’intérêt et la spécificité du lieu en question. L’aide octroyé au Panta est de
138 000 euro annuel. A ceux-ci, viennent s’ajouter l’aide du Conseil Régional
de Basse-Normandie (175 000), de l’Office Départementale d’Action Culturelle du
Calvados (66 000) et de la Ville
de Caen (80 000), qui sont trois conventions financières annuelles ne posant
pas de conditions sous terme contractuelles. Néanmoins, si ce théâtre veut
pouvoir continuer à bénéficier de ces aides années après année, il lui faut
prouver son implication dans la ville et dans la région, sa capacité au niveau
de la gestion, l’originalité de ses choix artistiques et l’intérêt de ces
derniers pour la population. Ces exigences sont équivalentes à celles d’un
établissement, parallèle que nous retrouvons dans différents aspects de l’organisation
du Panta.
La compagnie
bénéficie donc d’un total de subsides de 459 000 euro par an. A ceux-ci
viennent s’ajouter les recettes des spectacles en tournée et des places
achetées. Néanmoins, il faut d’emblée noter qu’il s’agit d’un petit lieu de 114
places seulement dont le prix d’entrée est très peu élevé (5 - 9 ou 13 euro.
Des cartes sont également proposées : la Carte Complice proposant cinq
spectacle pour 36 euro ainsi que la Carte Complice Jeune, cinq spectacles pour
20 euro). Aussi, la majorité de
leur budget passe dans la création annuelle et dans l’organisation d’un
festival annuel portant sur les écritures contemporaines d’un pays en
particulier.
Ce sont ces
deux propositions que nous allons étudier plus attentivement, propositions qui
remplissent donc les exigences du contrat passé avec la DRAC.
La compagnie
a voulu rester discrète quant à l’utilisation précise de son budget, affirmant
seulement qu’elle fonctionne essentiellement grâce aux subsides accordées par
les différentes instances citées ainsi que de la circulation de ses spectacles,
dont certain tournent depuis quelques années déjà.
Elle explique sa
dépendance financière par rapport à l’Etat par la difficulté d’organiser des
représentations en série de par le peu de circulation publicitaire et critique,
la presse autre que régionale ne se déplaçant que rarement pour leurs activités.
Elle rencontre des difficultés pour faire circuler leurs spectacles à des
conditions satisfaisantes, et ce principalement à Paris qui sert de plaque
tournante pour la diffusion des spectacles, des difficultés pour trouver des
acheteurs et des coproducteurs et elle ne bénéficie que de peu de moyens pour
la publicité, les rencontres, le coût des locations et déplacements. Comme
l’écrivent les deux co-directeurs : « Contrairement à un
établissement, les moyens budgétaires d’une compagnie sont totalement (ou quasi
totalement) affecté à une production. [8]».
Ces faits s’avèrent
exacts si nous contextualisons la situation de la compagnie. Le Panta est un petit théâtre, 114 places
seulement comme stipulé plus haut. Il est situé dans une relativement petite
ville (114 000 habitants environ pour 25,75 km2).
Cependant, Caen est également la capitale de la Basse Normandie et se situe à
proximité de Paris (environ deux heures en train) ce qui peut jouer en sa
faveur comme en sa défaveur… Sa population est majoritairement jeune (39% de la
population a entre 20 et 39 ans) et composée d’étudiants étant donné qu’elle possède
la seule université de la région. La gestion de la ville Caen se concentre de
plus en plus sur ses activités culturelles. Une des plus grandes écoles des
beaux arts de France y a été est inauguré cette année et c’est donc en partie
sur la culture que la ville mise son développement.
Outre le
Panta et quelques autres petits lieux dévolus à la création dramatique, Caen
accueille deux grandes structures théâtrales, le Théâtre de Caen ainsi que la
Comédie Dramatique de Caen. Leurs salles sont nettement plus grandes et
prestigieuses (fauteuils confortables, personnels nombreux, programmes
attirants et publicités importantes). Ils accueillent des compagnies renommées
(Maguy Marin, Pippo Delbono, Theresa de Keersmaeker,…) ainsi que des pièces de
répertoires (Roméo et Juliette, Le Médecin malgré lui, La Dame de chez Maxim)
de l’opéra (Onéguine, The Feery Quine), du ballet (Blanche Neige). Néanmoins,
dans ces théâtres également les spectacles ne sont présentés que deux ou trois
jours d’affilée.
Un spectacle
ne peut donc espérer remplir les salles que deux ou trois soirs lorsqu’il
s’agit d’une valeur sûre. On se rend compte de la difficulté d’une telle
tentative pour un plus petit lieu, qui, bien que situé dans le centre ville,
n’en reste pas moins éloigné des grands axes et dissimulés au milieu d’autres
maisons. Il ne s’agit pas d’un lieu que l’on remarque si on ne le cherche pas.
Leurs moyens publicitaires sont relativement discrets, les programme en majorité
en noir et blanc ainsi que les tracts lorsqu’il y en a. Pas de grandes affiches
lumineuses et omniprésentes mais des affiches de taille moyenne ainsi que des
programmes que l’on peut trouver dans les autres lieux culturels de la ville. Des
tracts ont été distribués pour « Ça déchire » mais pas pour le
festival. Le budget alloué à la publicité ne m’a pas été communiqué, néanmoins
on m’a affirmé que ce dernier était peu élevé par rapport aux autres dépenses
de la compagnie, la majorité des subsides et des recettes servant à la
création, aux salaires des employés du Panta ainsi qu’à celui des artistes
engagés pour les différentes représentations. De plus, ils ne mènent pas de
politique publicitaire particulière, du moins au niveau de la question du
public ciblé. D’après leurs déclarations, ils tentent au contraire de toucher
un maximum de personnes différentes. Néanmoins en circulant dans la ville de
Caen il est aisé de constater qu’ils
ciblent tout de même le publique des autres lieux culturels importantes,
sachant que ce dernier sera potentiellement davantage intéressé et réceptif à
leurs propositions.
Le
bilan 2009
Le rapport
contractuel qui lie le Panta et le DRAC exige de la compagnie une production de
minimum deux créations ainsi que 120 représentations sur la durée de la
convention, c’est-à-dire, dans le cas présent, sur trois ans :
« Par
le conventionnement, l'Etat décide d'établir un rapport contractuel
pluriannuel avec les compagnies dont le rayonnement national, la régularité professionnelle
et les capacités de recherche, de création et de diffusion sont soulignés par
le comité d'experts.
Il est
attendu des compagnies bénéficiaires d'une convention la tenue d'un projet
caractérisé par une ligne artistique claire ; un rapport au public construit,
que ce soit à travers une démarche d'implantation, de résidence ou
d'association avec une ou plusieurs institutions ; l'engagement de se situer
dans le cadre défini par la Charte des missions de service public pour le spectacle vivant ;
un minimum de 2 créations et de 120 représentations sur la période de conventionnement. [9]».
Le
« Bilan 2009 » de la compagnie, prouve que ces exigences sont
parfaitement remplies. La Panta s’est en effet fixé comme objectif de créer un spectacle par an ainsi qu’un
festival.
Le
Festival de Ecritures Contemporaines
Ce festival
se tourne chaque année vers un pays différent et ce depuis 1998. Lors des trois
premières années de sa création, ce n’étaient que des auteurs et metteurs en
scène français qui étaient invités mais dès 2001 il s’est ouvert à la scène internationalle
en invitant des artistes russes et finlandais. Depuis, il s’est tourné vers
l’Allemagne en 2009, les Pays-Bas en 2008, le Liban en 2007 et envisage Cuba
pour 2011.
Ce festival,
qui est en quelque sorte l’événement, avec la création annuelle, essentiel de la
compagnie, ne poursuit pas de finalités financières. Ce sont, au contraire, les
sommes rapportées par les spectacles en tournée ainsi qu’une importante part de
l’argent des subsides qui sert à le financer. En effet, la majorité des activités
proposées dans le cadre de ce festival qui dure à peu près un mois (du 28 avril
au 29 mai 2010 pour cette édition) sont gratuites. Ce dernier est composé de
trois cycle, chacun d’entre eux présentant le résultat du travail mené par un
auteur (éventuellement avec l’aide d’un traducteur pour les autres éditions
mais non pour cette année), d’un metteur en scène et de cinq acteurs. Encadrant
chaque présentation, une rencontre est organisée ainsi qu’un débat. L’objectif
premier de cet événement est de « Créer un temps fort et événementiel
consacré aux écritures et dramaturgies contemporaines sous la forme d’un
Festival, à l’échelon de la Ville de Caen, de l’agglomération et de la Région
Basse-Normandie. [10]».
Cependant,
il s’ouvre également à d’autres
institutions et régions, notamment par la collaboration menée avec des lieux et
compagnies intéressées au même champ de recherche, et ce particulièrement avec la Mousson d’été de Michel Dydim, Frictions de Robert Canterella à Dijon, la Maison Antoine Vitez, la Chartreuse et l’aide de l’ONDA. Des
liens similaires sont tissés avec des compagnies étrangères rencontrées lors de
chaque éditions du festival, telles La
Cuarta Pared de Madrid et le Royal
National Court à Londres…Lorsqu’ils cherchent des auteurs (pour le
Festival, une résidence ou une commande), c’est notamment vers ces différentes
structures dont le nombre augmente d’année en année, qu’ils se tournent. Pour
les mises en rapport avec les pays autre que la France ainsi que pour la diffusion
de leurs propres spectacles à l’étranger, ils bénéficient de l’aide et du
soutien du Ministère des Affaires Etrangères (AFAA) et du Ministère de la
Culture/DRAC Basse-Normandie.
Le Festival vise à interroger le lien entre
l’écriture et la scène, ce qui donne lieu à un travail et à une représentation
axée principalement sur l’idée de workshop. En effet, ce n’est pas tant le
résultat qui importe, le temps de préparation étant trop court pour donner lieu
à une représentation aboutie, que le processus de travail, les questions qui se
posent à partir de ces rencontres.
Le premier
cycle, s’est déroulé du 28 avril au 6 mai et s’est organisé autour d’un texte
de l’auteur algérien Arezki Mellal, mis en scène pendant le festival par Ziani
Cherif Ayad pour cinq acteurs choisit par le Panta, à savoir : Claude
Barichasse, Jean-Claude Bonnifait, Véro
Dahuron, Anthony Laignel et Martine Schabacher.
Une
intervention et une lecture de Michel Onfray autour de « Camus et
l’Algérie » inaugurèrent le festival. Arno Gaillard et Tewfig Farès
(réalisateur algérien) ont parlé de cinéma lors de la présentation du premier
cycle. Dans l’église désacralisée du Vieux Saint Sauveur, en partenariat avec
le Salon du livre, « La commission centrale de l’enfance » de David
Lescot a été présentée.
La formule
décrite ; un auteur contemporain du pays choisi et un metteur en scène
réunis par le Panta pendant dix jours en résidence pour mener un travail de
recherche artistique sur base de ce matériaux textuel et parvenir à une représentation
avec cinq acteurs, est la même pour chaque cycle et est d’application depuis l’inauguration
du festival en 1998.
Dans le
second cycle le travail est celui de l’auteur Mustapha Benfodil et du metteur
en scène Guy Delamotte (le co-directeur du Panta). Un débat entre Michel Onfray
et Malika Mokedem sur la question des femmes et de l’Islam se déroule après la
présentation.
Enfin, le
troisième cycle réunit Hajar Bali et Habib Boukhelifa. Un colloque se déroule
durant toute la journée avant la représentation sur la question « Des pourtours du bassin
méditerranéen à l’Algérie : regards sur des écritures dramatiques
d’aujourd’hui » en partenariat avec l’ODIA ainsi qu’avec THOPIC.
Ensuite un
débat a été organisé autour des dramaturgies algériennes en présence de tous
les participants du festival. Le soir, les trois cycles ont été repris. Ces
trois dernières représentations sont les seules payantes, le ticket d’entrée
est au tarif unique de 5 euros pour l’ensemble de la soirée.
Ces
spectacles, ou pour être plus juste, ces ébauches de travaux, ces présentations
de réflexions de dix jours de travail seulement ne seront pas repris, pas tels
quels du moins mais donneront peut-être lieu à une autre création ou une suite
à ce travail. On comprend sur base de cet exemple que le Panta est non
seulement une compagnie qui produit des spectacles mais également, voir
peut-être surtout, un lieu de recherche et de réflexion artistiques sur notre
monde contemporain et sur notre manière d’en parler et d’en rendre compte à
travers les formes particulières que sont le théâtre et la littérature.
Pour la
première fois cette année, ce travail donna lieu à un échange. En effet, les
structures algériennes ont accueillies, selon le même dispositif, des artistes
français pour travailler avec des acteurs sur place. Il y eut ainsi deux cycles
qui présentés, le premier par Guy Delamotte et Emmanuel Darley et le second par
Jean-Marc Bourg et Rémi Checchetto.
Cet échange tient à cœur aux directeurs du Panta depuis de nombreuses
années, on voit que peu à peu, les choses se mettent en lace et parviennent à
se réaliser même si, comme nous l’apprend cet exemple, il faille souvent faire
preuve d’une grande patience.
A travers la
présentation de ce festival, une ébauche du fonctionnement et de la philosophie
du Panta-théâtre est proposée. L’examen du travail de leur création de l’année
2009-2010 servira à préciser celle-ci.
« Ça déchire !». Partition inachevée pour 2 acteurs et 5
auteurs.
Photo : Sophie Calle par JB Mondino
Photographie
du spectacle de Sophie Calle qui servit d’affiche pour la pièce « Ça déchire !».
Le spectacle
« Ça déchire » a été présenté au Panta du 24 mars au 1er
avril. Il a été joué huit fois seulement dans son lieu de création, ce qui est
déjà une réussite importante. A nouveau le prix des places étaient fort bas et
un très grand nombre d’invitations ont été envoyées et offertes. Il a ensuite
été acheté par d’autres lieux, est en est aujourd’hui a plus d’une vingtaine de
représentations.
A nouveau ce
spectacle est le fruit d’une commande passée à des auteurs contemporains, cinq
précisément. A nouveau, le choix s’est fait, comme pour le festival, sur base
d’affinités, de rencontre et d’un désir de travailler ensemble. Chacun de ces
auteurs avait déjà travaillé pour ce théâtre, il s’agissait dès lors de prolonger
cela, d’aller plus loin, ensemble, dans la recherche. Chacun d’entre eux
venaient d’un pays différent : Mexique, Liban, Pays-Bas, Islande et
France. On voit là la confirmation de ce qui avait été dit à propos des
rencontres du festival, que celles-ci donnaient régulièrement lieu à une
poursuite d’un travail en commun.
La commande
était assez précise et émanait de la co-directrice, Véro Dahuron. Celle-ci a envoyé
un message à chaque auteur, dans la langue de ce dernier ou du moins dans une
langue que tous deux maîtrisaient. Le contact a été établi par e-mail et c’est
par ce moyen que le reste des échanges s’est effectué. La commande était
relativement simple mais précise :
Un texte de
quinze minutes, sur le thème de la rupture. Pour chaque auteur, des bases
différentes étaient posées. Un calendrier a également été établi et communiqué
lors de ce message.
Deux mois
pour donner une réponse.
Un mois pour
fournir le synopsis.
Trois mois
pour fournir les textes.
Deux mois,
deux mois et demi plus tard, les répétitions commencent et un an après que la
commande ait été passée, le spectacle est représenté. Au Panta d’abord et puis
en tournée.
Ces
informations sont publiées dans le dossier de presse, accessible à tout un
chacun sur leur site Internet. Les réponses des auteurs y figurent également,
celles-ci nous renseignant sur la difficulté pour certains de fournir le
travail dans les délais demandé. Le spectacle eut bien lieu, ce qui laisse
supposer qu’il n’y eut pas réellement de problèmes à ce niveau là, le
calendrier étant relativement large, notamment entre le moment de la réception
et le début des répétitions (mais on connaît l’importance de la recherche
dramaturgique pour lemetteur en scène et l’actrice). Outre ces informations, le
matériel de base de la recherche y est également présenté, les extraits de
lettres, de chansons, les citations qui ont orienté la recherche de Véro
Dahuron dans ce travail et pour sa commande.
Par la
diffusion de ces informations, le Panta manifeste de son envie de faire
participer le public à ses recherches, de présenter leurs travaux sous forme de,
comme résultat de workshop.
Autour du
spectacle, une rencontre avec les auteurs est organisée. En lien avec
l’artothèque, l’exposition « Les Anges » de Sophie Callé dont le
spectacle tiré de sa rupture a inspiré la création « Ca déchire ». Un
concert et une projection de film sont également proposés, en lien avec le
spectacle.
Le nombre de représentations
Outre la
création d’un spectacle, la convention exigeait du théâtre un nombre de 120
spectacles sur trois ans. Nous avons vu la difficulté concernant la diffusion
pour la compagnie. Néanmoins elle parvient à remplir cette exigence. De 2007 à
2009 (période de la convention), il y eut ainsi 185 représentations de leurs
spectacles. Ainsi, pour l’année 2009, elle a donné lieu à 61 représentations à
différents endroits de la France. La création de l’année 2009 (L’affiche de
Philippe Ducros mis en scène par Guy Delamotte) a été jouée 38 fois. La reprise
de la co-production « Shakespeare go home », créée en 2001 a été
jouée 20 fois cette année et 50 fois depuis sa création.
Des spectacles
ont été invités, tels « Le 20 novembre » de Lars Norén,
« Regarde maman, je danse » de Vanessa Van Laecke, « Faut qu’on
parle ! » de Hamid Ben Mahi et Guy Alloucherie,
« Israël-Palestine » de Pauline Sales ainsi que « Hermself »
de Frederic Deslias qui a été accueilli en résidence pendant une quinzaine de
jours. Ces spectacles ont toujours été accompagnés d’une lecture, manière pour
le Panta de s’engager, de poser la question de leur création et de poursuivre
la recherche menée par la compagnie qui le présente.
Ils se déclarent
très fiers de ce bilan et considèrent que les quatre axes autour desquels
s’orientent leurs recherches sont abordés et exploités lors de cette année. Ces
quatre axes sont, comme on peut les dégager des différentes activités proposées
par la compagnie : Création - International - Ecritures contemporaines -
Transmission.
Pour l’année
2010, ce sont davantage leurs propres créations qu’ils ont repris. On voit que
bien qu’un nombre important de « bases » restent d’année en année (le
festival, la création annuelle, l’accueil d’artistes en résidence, le Comité de
lecture, les activités proposées aux lycéens et étudiants en arts du spectacle,
le fond de documentation) d’autres choses changent, suivant les opportunités de
la compagnies ainsi que leurs envies. Ainsi, cette année, le théâtre proposait
sa création « Ça déchire !», son Festival, la reprise de
« Shakespeare go home », « l’Affiche », la création de 1997
« Frida Kahlo » jouée depuis plus de 200 fois et qui fut un très
grand succès, au point de remplir, cette année encore les salles, « La
dernière ballade de Lucy Jordan » crée en 2007 au Mexique et joué une
quarantaine de fois dans ce pays ainsi qu’en France. Un projet pédagogique a
également commencé à voir le jour, ce dernier ayant pour finalité de développer
plus en profondeur l’axe de la transmission et de la recherche. Il s’agissait
de proposer des cours pratiques aux lycées de Caen pour les bacs littéraires et
théâtre. Il s’agit d’une formation pratique, organisée en grande partie par les
deux directeurs du théâtre, la partie théorique étant gérée par les professeurs
de l’école. Néanmoins, comme cela se dégage de toutes les activités du théâtre,
ce dernier ne peut être envisagé séparément de la question de la théorie, de la
recherche. C’est donc bien plus que des cours de théâtre qui y sont proposés.
Arrivant à
la fin de l’année théâtrale 2010, le bilan n’est pas encore établi. Néanmoins,
suite à ma fréquentation de ce lieu et des réponses posées à différents membres
de la compagnie, cette année encore est un succès qui a répondu positivement
aux exigences de DRAC et a tenu ses engagements.
L’Etat aide les institutions culturelles
sur base de l’idée que cette aide relève en premier lieu d’une conception et
d’une exigence de la démocratie, c’est à dire qu’il s’agit de :
>> favoriser l’accès de tous aux œuvres de l’art comme aux pratiques culturelles
>> nourrir le débat collectif et la vie sociale d’une présence forte de la création artistique, en reconnaissant aux artistes la liberté la plus totale dans leur travail de création et de diffusion
>> garantir la plus grande liberté de chaque citoyen dans le choix de ses pratiques culturelles[11].
On ne peut que noter la
similitude entre ces objectifs et le travail, le projet artistique du Panta. Ce dernier répond, tient ses
responsabilités dans les domaines définis par l’Etat, à savoir :
>> les responsabilités artistiques que le
théâtre tient à travers l’originalité de sa démarche et la qualité de ses
prestation, l’intérêt pour la recherche artistique et non seulement pour la
production et la diffusion des spectacles.
>> leur
responsabilité territoriale se retrouve dans l’engagement dans la vie
culturelle de la Ville de Caen et de la Région, les partenariats mis en place
avec d’autres lieux culturels de la région come l’artothèque, l’université, les
lycées, la librairie Brouillon de Culture, la Mémoriel de Caen, l’Imec, le
Cinéma Lux, l’Université populaire, l’école des Beaux-arts (rebaptisé ESAM depuis 2009-2010), la
bibliothèque de Caen, le festival Les Boréales,…
>> la responsabilité sociale consiste dans
leur intérêt pour la société contemporaine et son ouverture au plus grand
nombre
>> la responsabilité
professionnelle consiste dans le respect de leur engagement par rapport aux
différentes instances qui les soutiennent financièrement ainsi que dans
l’accueil fait aux débats entre professionnels.
Il est
intéressant de noter que ces finalités établies par le Ministère de la culture
sont les mêmes en France depuis le décret Malraux en 1959. Ces
finalités sont réalisées sur base des trois stratégies principales définies par l’Etat : la stratégie promotionnelle, volontariste
et interactionniste.[12]
La première utilise les
stratégies de marketing pour attirer le public, il s’agit, en grande
partie, de la publicité. Ce n’est
pas vraiment par celle-ci que notre compagnie attire la majorité de son public
car bien que utilisée (affiches, programme, insertions dans les journaux, tracts,…)
leur nombre est trop réduit et la typographie trop discrète que pour être
remarquée facilement parmi les différentes propositions que l’on trouve à côté
d’elles… C’est davantage par ses actions au sein des écoles et universités, ses
liens avec les différentes communautés établies sur leur vingt ans d’existence
et leur ouverture vers l’international, le prix des places peu élevé, les Cartes Complices, le grand nombre de
manifestations gratuites, le grand nombre d’invitations offertes que le Panta
gagne son public. La reprise de ses spectacles permet également une plus large
diffusion de ceux-ci, comptant alors sur la stratégie du bouche à oreille.
La stratégie
volontariste vise principalement à amener un nouveau public. Elle se manifeste
dans l’action qu’il mène au lycée Malherbe ainsi que dans la diversité des
activités proposées. Par celles-ci, différents publics et communautés sont
touchés. Ainsi prenons pour exemple le festival de cette année orientée autour
de l’Algérie. Par ce thème il est susceptible d’intéresser cette communauté importante
en France, mais également les Français de par une culture, une partie de
l’histoire commune, récemment remises à l’avant scène par des films tels que Indigène ou plus récemment encore le
film de Rachid Bouchareb, Hors-la-loi et
la polémique que ce dernier suscita.
De même, le débat sur le
droit des femmes peut amener un public sensible à cette question et la présence
de Michel Onfray est susceptible d’avoir un impact publicitaire important.
Enfin, la stratégie
interactionniste se retrouve par exemple dans la mise en relation entre la
population et les artistes lors des stages proposés, ses cours de théâtre pour amateurs,
les débats,…
Compte
des résultats.
Pour conclure, nous ferons
une analyse du « compte des résultats » de l’année 2008 mis en
comparaison avec ceux de 2006 et 2007, étant donné que celui de l’année 2009
n’a pas encore été communiqué par l’instance responsable. Néanmoins sur base de
ces données ainsi que sur le bilan de 2009, nous pouvons faire des suppositions
quant à cette dernière année.
La compagnie accumule un
total des produits d’exploitation de 670 613,07 euro. La vente des spectacles
rapporte 194 536,81 euro, la billetterie seulement 4 918,41 euro. La somme des
activités accessoires, autres produits et co-productions est de 21 140,51 euro.
A ce total de 215 677,32 euro qui vient des activités de la compagnie, viennent
s’ajouter les 462 277,16 euro de subventions. Le produit d’exploitation total a
été pour l’année 2008 de 670 613,07 euro.
On peut comparer cette
somme à celle de 2007 qui n’était que de 493 172,99 euro, année où le Panta n’a
vendu que très peu de spectacles et n’a pas mis en place une seule
co-production. Les recettes de billetterie étaient les mêmes, les subsides
équivalents, la grande différence s’explique donc par ces deux facteurs. L’année
2006 est intéressante car le Panta n’a pas été en déficit, contrairement, comme
nous allons le voir, aux deux années suivantes. En effet, si les années 2006 et
2008 sont à peu près équivalentes au niveau des produits d’exploitation et des
charges, la différence se fait par la somme des produits exceptionnels et des
reprises sur provision. Etant donné que l’année 2007 a été une très mauvaise
année au niveau de la création et de la diffusion comme dit plus haut, il n’y a
que peu d’argent qui a été réinvesti pour l’année 2008, ce qui explique que
cette dernière, malgré l’importances de ses produits, soit en déficit.
Sur base de ces
observations et du bilan 2009 qui nous informe des spectacles joués et
diffusés, on peut supposer que le résultat net est positif. En effet, il y a eu
un nombre important de représentations et de diffusion et 169 826,40 euro ont
été mis de côté pour les provisions de cette année-là. Grâce à l’analyse de ces
trois années, on a constaté que les charges d’exploitation étaient équivalentes
d’années en année ainsi que les produits, du moins si le Panta crée et diffuse suffisamment
de spectacles, l’année 2007 faisant exception dans son fonctionnement. Les
subsides accordés sont également équivalents, à savoir pour 2009 de 459 000 euro,
3 277, 16 euro de moins que pour l’année précédente.
Ces différentes données
nous informent principalement sur la nécessité de ces subsides qui représentent
presque un tiers des produits d’exploitation. La gestion du Panta, par l’argent
mis de côté et l’argent investi permet à ce théâtre de s’en sortir relativement
bien étant donné la difficulté de faire fonctionner une si petite institution
culturelle.
Comme cela nous avait été
affirmé lors de l’entretien avec Ariane Guerre (chargée de l’administration du
Panta), la majorité des charges sert aux salaires et traitements (275 951, 12
pour l’année 2008, ce qui correspond à peu de chose près aux deux autres années
analysées) ainsi que pour les frais de fonctionnement, c’est-à-dire les achats
et charges externes.
La Panta-théâtre est donc
une compagnie qui s’est donnée et investie dans une tâche bien particulière et
risquée mais qui a réussi à convaincre les instances concernées de la nécessité
et de l’intérêt de celle-ci au niveau du service public afin de recevoir des
subsides suffisamment importants pour lui permettre de fonctionner depuis presque
une vingtaine d’années. Il s’agit d’une compagnie dont la majorité des revenus
servent à payer le salaire de ses membres et à investir pour les années à venir
afin de pouvoir continuer à exister et à remplir la mission de recherche et de
partage de leur passion qu’ils se sont fixés depuis leur création.
Espérons donc qu’ils
pourront tenir ce pari encore de nombreuse année, malgré la crise annoncée pour
les services culturels en France…
[1] Bilan 2009. Perspectives
2010 du Panta Théâtre, mis à notre disposition par le théâtre.
[2] Voir à ce propos des
penseurs tels qu’Isabelle Stengers, Vinciane Despret, Bruno Latour, Toby
Nathan,…
[3] Cette expression est
utilisée à plusieurs reprises dans le « Le Panta Théâtre. Son projet
artistique » réalisé en 2003 pour mettre à plat les finalités ainsi que
les actions passées de ce théâtre.
[4] Ibid., p.6.
[5] Informations fournies par
Ivan Tina, l’un de ses membres depuis 2007.
[6] Ibid., p.7.
[7] Ibid., p.13.
[8] Ibid., p.12.
[10] Ibid., p.15.
[11]
Charte sur http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/politique/chartes/charte-spectacle.htm
[12] MOULINIER
P., Les politiques publiques culturelle
en France, Paris: PUF, que sais-je?, 2010, p.14.
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