Questions d’actualité en éthique appliquée
La question de la surmédicalisation.
Tu seras parfait, mon fils.
On remarque
l’éclosion d’un nouveau trouble chez les enfants. Celui de l’hyperactivité.
L’enfant dit, hier, turbulent, est aujourd’hui hyperactif. Ce trouble
d’hyperactivité est principalement soigné par médicamentation. Or, un tiers des
enfants souffrent d’effets secondaires suite à ces médicaments.
Dans notre
société de consommation, les médicaments ne font pas exception, on a tendance à
les consommer de plus en plus massivement. Comment a-t-on pu arriver là ?
Quelles répercussions ? Qu’est-ce que cela inclut comme conséquences
sociologiques ? ou dit sur notre société ?
Tout
d’abord une grande confiance dans la médecine qui est supposée pouvoir tout
soigner, pouvoir tout régler ; C’est d’ailleurs ce que tentent de nous
faire croire les industries pharmaceutiques investissant des sommes
astronomiques dans la promotion de leurs « produits ». Les publicités
vantant les mérites d’une pilule à effet immédiat s’enchaînent à la télévision.
Aussi une image s’installe, celle de la médecine pouvant tout soigner et des
médicaments miracles. Bien sûr, tous ces médicaments soignent des problèmes
quotidiens, il s’agit de s’offrir un surplus d’énergie, de faire passer un mal
de tête, des crampes au ventre, des douleurs musculaires et ce en un rien de
temps. Contre le mal-être et la dépression ls industries pharmaceutiques
proposent des pilules du bonheur et contre les insomnies prendre un somnifère
suffit.
Mais est-ce
que faire disparaître un symptôme suffit pour guérir ? Dana Ullman, dans
son article La médecine, une bien mauvaise farce met le doigt sur
ces questions et il semble évident pour l’auteure que ce n’est pas le cas.
Ainsi elle souligne le fait que si les analgésiques font disparaître la douleur
à court terme, ils ne soignent pas. Que si les somnifères font dormir, il ne
s’agit pas d’un sommeil réparateur et que si les antidépresseurs aident à se
sentir mieux, ce n’est que tant qu’on continue à en prendre. Dès lors tous ces
médicaments combattent les effets mais sans s’attaquer à la cause.
Bien
évidement, il est incontestable qu’il y a des médicaments qui soignent et qu’il
est normal d’y avoir recours. Mais la question que je voudrais poser porte
davantage sur les médicaments censé soigner un trouble à caractère plus
psychologique. Ainsi les dépressions, les troubles de sommeil, l’hyperactivité
enfantine, par exemple.
En effet,
que dire du nombre de plus en plus important d’enfants que l’on traite par psychostymulants ?
Il semblerait qu’il y aurait une recrudescence d’enfants atteints d’un trouble
d’hyperactivité, que ce soit, ou pas, avec un déficit d’attention. On nomme ce
trouble THADA. Comment expliquer cet important accroissement ? Serait-ce
une épidémie qui se propage ? L’image de l’épidémie me semble intéressante
de par le fait qu’elle insiste sur la propagation rapide et de proche en
proche. En effet, y a t-il de plus en plus d’enfants malades ou de plus en plus
de médecins interprétants un ensemble de troubles divers comme résultant
de THADA. Serait-ce un trouble qui
se développerait aujourd’hui à cause de nos modes de vie ou quelque chose qui
existe depuis longtemps mais qu’on vient à peine d’identifier ? Le THADA
correspond à ce qu’on appelait avant un dysfonctionnement cérébral et si
celui-ci n’était pas important, on se contentait de dire des enfants qu’ils
étaient maladroits ou turbulents. Aujourd’hui c’est comme si la tendance
s’inversait, même les enfants simplement distraits sont qualifiés d’hyperactifs.
Bien sûr, je caricature un peu mais la situation me semble devenir
caricaturale.
Le problème
avec le THADA est qu’il ne peut pas être diagnostiqué de façon certaine étant
donné qu’il n’existe pas de signes physiques. Il s’agit donc d’un travail
d’interprétation de la part du médecin. Mais que penser de médecins qui
reçoivent des subsides de la part des industries pharmaceutiques ? Il
semblerait en effet que ce soit une pratique assez courante aux Etats-Unis[1].
En effet, ces derniers peuvent être payés afin de promouvoir tel ou tel
médicament et il semblerait que plus ils sont payés, plus ils ont tendance à en
prescrire.
Bien sûr,
tous les médecins ne sont pas aussi intéressés mais il reste que la
médicamentation et le diagnostique ne dépendent que de leur avis.
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