vendredi 27 août 2010

La question de la représentation de l’Enfer. Comment illustrer l’enfer de la divine comédie de Dante ?


La question de la représentation de l’Enfer.

Comment illustrer l’enfer de la divine comédie de Dante ?



L’objet de ce travail est une réflexion sur les différentes illustrations de l’Enfer de la Divine Comédie de Dante.
Il s’agit davantage de développer des voies d’approches, de soulever des questions que d’y répondre. Pour ce faire je pense néanmoins suivre un fil narratif, écrire un texte continu que j’interromprai aussi souvent que cela me semblerait pertinent pour inclure des remarques, des questions et soulever d’autres voies d’approches possibles, ce qui, malheureusement, nuit à la fluidité du texte.

Ce travail propose différents points qui m’ont paru important lors de ma lecture et que j’ai souhaité développer.
Tout d’abord, j’ai abordé ce travail d’un point de vue historique, j’ai voulu situer l’époque de Dante ainsi que celle de Botticelli afin de mettre en avant l’endroit d’où ils réfléchissaient et voyaient les choses. Cette démarche avait pour but de m’aider à essayer de comprendre la démarche de Botticelli.  Dans un même ordre d’idée, j’ai retracé en quelques lignes l’histoire de l’enfer et de ses représentations.

Ensuite je me suis interrogée sur l’image : quelle valeur a-t-elle en tant que source d’information, les possibilités qu’elle offre, ses avantages et ses désavantages. L’interroger notamment au moyen des outils de la sémiologie. Etudier le rapport image-texte.

En premier lieu, notons que l’idée de l’enfer est liée à la condition humaine étant donné qu’on la retrouve, sous des formes très différentes cependant, dans toutes les civilisations à travers le temps.
En effet, la finitude de l’homme le pousse à s’interroger sur ce qui le dépasse, le transcende et dès lors la question du devenir après la mort est une interrogation permanente. Selon Georges Minois dans le Que sais-je portant sur l’enfer, ce dernier est le miroir des échecs de chaque civilisation à résoudre ses problèmes sociaux, et c’est le révélateur de l’ambiguïté de la condition humaine. Tant que l’homme sera incapable de résoudre sa propre énigme, il imaginera un enfer[1].
La réflexion porte ici uniquement sur la société occidentale où prédomine l’idée de l’enfer chrétien, inspiré de l’enfer grec, lui-même reprenant des éléments de l’enfer égyptiens comme nous le verrons plus tard.
J’essayerai de voir comment l’idée de l’enfer, telle qu’elle a été présentée par Dante dans sa Divine Comédie, a été reprise et interprétée par les autres générations et ce à travers les illustrations qui en ont été faites. Que nous révèlent-elles sur leur époque, sur leur vision et compréhension du monde? En effet, comme l’écrit Jacques Le Goff : «  si les images ont leur logique propre et leur signification spécifique, leur lecture doit aussi s’éclairer à la lumière de la pensée qui les inspire. [2]»

Bien évidemment, parler d’une vision unitaire pour une époque donnée est réducteur et caricatural, néanmoins, chaque époque a ses spécificités, développe des courants particuliers qui sont le résultat de réflexion et de techniques nouvelles.
Par rapport à cela, il faudrait se demander si on peut, comme le fait l’historicisme, expliquer une époque à partir d’une autre, en tant que réaction, résultat de ce qui la précède  ou être davantage dans une perspective structuraliste où les époques sont considérées comme indépendantes, autonomes les unes par rapport aux autres. Voir à quels types de réflexions on arriverait en suivant l’une ou l’autre approche.

Revenons au travail où la question sera celle de la part qu’occupent ces conceptions dans la représentation, l’illustration de ce livre. En quoi voit-on dans les « dessins [3]» de Botticelli la première Renaissance, dans ceux de Gustave Doré la vision bourgeoise qui dominait au XIXème siècle et dans ceux de William Blake le romantisme noir, le mysticisme qui lui était personnel et l’idéal de l’individu qui prédominaient à cette époque ? Ce romantisme se manifeste par une nostalgie nourrie de l’époque médiévale[4], les artistes représentaient des personnages se repliant sur eux-mêmes, exprimant par là la peur de vivre. L’atmosphère est mystique, on est entre le rêve, le cauchemar et la réalité… Ce qui donne lieu à des dessins inquiétants, sombres…
Quant à Doré, il a illustré l’œuvre de Dante de 1861 à 1868 et ce qui domine dans ces images, c’est la grandeur de la nature, la forêt. Dante est représenté en petit, l’impression qui en ressort est qu’il est perdu et comme avalé par la forêt. Doré insiste sur la solitude et l’égarement de l’auteur.
Ainsi, si à chaque fois on a bien une illustration de l’Enfer de Dante, une mise en images de ses descriptions, on voit que ces illustrations sont tout à fait différentes. La question est donc moins : qu’est-ce qu’on montre mais comment on le montre. C’est dans ce choix que se manifeste l’interprétation personnelle et à partir de là, la liberté de l’artiste. Comme l’écrit Nadine Bordessoule[5], les différences de choix sont dans le cadrage, la perspective, qui manifestent le point de vue du peintre.

Qu’en est-il chez Botticelli ?

Je m’appuie, pour les illustrations de Botticelli sur l’édition de Diane de Selliers de 1996 qui a été réalisée à partir du fragment de Berlin (codex Hamilton 201 Cim 33) et du fragment du Vatican (codex Reginensis Latinus 1896).  Cette édition reproduit le format et les couleurs d’origine de l’œuvre de Botticelli. Je peux ainsi me faire une idée de ce que donnait l’œuvre originale. Pour les dessins manquants, le livre propose des gravures de Baccio Baldini qui ont été inspirées par les dessins de Botticelli.

La question principale me semble être celle du choix et de la détermination. Quels choix a fait l’artiste pour représenter cette œuvre? Qu’est-ce qui a motivé, justifié ces choix ?
A-t-on besoin pour les comprendre de repères historiques et culturels? Est-ce ces critères qui motivent les différentes interprétations et modifications apportées à l’œuvre ? Et si c’est le cas, dans quelle mesure peut-on parler de choix, de vision personnelle ? Qu’est-ce qui dans une création appartient en propre à l’artiste ? Cette question pourrait sans doute paraitre moins pertinente pour les œuvres plus actuelles où l’artiste semble  jouir de davantage de liberté, où les codes sont moins flagrants, moins explicites…Néanmoins ils sont toujours là et la vision de l’artiste répond toujours à une certaine demande. Si  auparavant les codes étaient formels et les sujets, la manière de représenter, plus ou moins bien établis, aujourd’hui aussi la création continue à être déterminée par la mode, par la demande des consommateurs. En effet, aujourd’hui comme avant, l’artiste et pris dans un courant, une société et doit réussir à y vendre ses œuvres…

A la fin des années 1400 Lorenzo di Pier Francesco de’ Medici commande à Botticelli une illustration de la Divine Comédie de Dante. Botticelli ne finit pas cette commande, il commença l’illustration mais ne la finit pas. Elle disparut et ce n’est qu’aux XVII et XIXème siècle que certaines planches furent retrouvées. Ainsi quatre-vingt douze illustrations ont ainsi été redécouvertes, huit perdues et deux n’ont jamais été créées.

Entre Botticelli et Dante, deux siècles se sont écoulés. S’ils sont tous les deux florentins, il ne s’agit plus de la même Florence. Néanmoins, ils vécurent tous deux à des périodes où l’univers infernal prend une place importante dans les écrits et les représentations. En effet, ce thème sera fort exploité à partir du Moyen-Age, plus précisément du VIIIème siècle, jusqu’à la fin de la Renaissance.
Dante vivait à l’époque des Guelfes et des Gibelins, dans un contexte d’importante croissance économique. C’est la pensée de Saint Thomas d’Aquin nuancée par celle d’Averroès qui dominait. Son texte est considéré comme représentant de la sévérité médiévale.
A l’époque de Botticelli, ce sont les Médicis qui règnent entourés d’érudits. La pensée dominante est le néoplatonisme et l’épicurisme. Ainsi on voit Botticelli, dans de nombreuses œuvres, notamment ses allégories, mélanger le profane et le sacré. C’est là une manifestation de la pensée néoplatonicienne selon laquelle le sensible est une émanation de l’intelligible, ainsi le Beau peut mener au Bien étant donné qu’il provient de Dieu[6]… A Florence il s’agit de néoplatonisme médicéen, qui a été développé par l’Ecole néoplatonicienne de Florence, soutenue par Laurent le Magnifique. Botticelli appartient à la première Renaissance. Celle-ci débute à Florence vers les années 1420 et se distingue par de nouvelles techniques de peinture et une importance accrue donnée à l’homme. La place de Dieu est, en quelque sorte prise par l’homme avec l’humanisme qui donne également lieu à une laïcisation de l’art. C’est lui qu’on commence à représenter à la place des sujets bibliques. Voit-on cet homme en tant que figure centrale de l’univers dans les illustrations de Botticelli ?
 On chérissait l’Antiquité et on voulait retourner à ses sujets païens. Mais on admirait également Dante et on le considérait comme le poète universel. De plus, la vision dantesque était innovatrice en ce qu’il mélangeait la mythologie païenne, les événements contemporains et les personnages de son époque avec des représentations chrétiennes. C’est cet aspect qui a notamment intéressé les artistes de la Renaissance.
Etant donné que la première fois que Botticelli a été engagé pour illustrer ce livre, il s’agissait du Comento di Christophoro Landini Fiorentino sopra di Danthe Alighieri poeta Fiorentino,’ qui en fait une interprétation néoplatonicienne, il serait intéressant de voir si les dessins correspondent à une telle interprétation du texte.  Botticelli devait faire les illustrations qui allaient par la suite être gravées par Baccio Baldini mais il mit trop de temps pour ce travail et le projet d’aboutit donc pas. Néanmoins, c’est grâce à ces gravures que nous pouvons nous faire une idée des illustrations des chants qui ont disparues. En effet, comme l’écrit Vasari « n’ayant pas beaucoup de dessin lui-même, tout ce qu’il fit le fut d’après l’invention et dessin de Sandro Botticelli. [7]»
D’après Dreyer, Botticelli ne suit pas l’interprétation de Landino, selon lui il ne l’aurait pas lue et donc sa compréhension résulte uniquement de sa lecture de Dante. Il base cette idée sur des incohérences entre le commentaire et les dessins.

Avec chaque illustration on est confronté à deux imaginaires : d’une part celui de Dante et de son siècle, d’autre part celui du peintre et de l’imaginaire de son époque.
Voir comment cela se conjugue-t-il, comment un peintre peut représenter telle ou telle image à partir d’un texte plus vieux. La difficulté augmente avec le temps car à chaque fois y sont ajoutées les représentations d’autres artistes, ce qui fait que quand un nouveau peintre s’y attèle, sa vision est déjà chargée de références, d’autres influences.

Lorsque Botticelli reçut la commande d’illustrer le manuscrit, il avait déjà de nombreux prédécesseurs, cela faisait un siècle et demi que se mettait en place une « iconographie de Dante ». Ainsi il repris le costume et l’apparence de Dante à Giotto qui l’avait représenté dans la chapelle du Palazzo Vecchio ainsi que de la série des Offices de Andrea del Castagno. Le portait de Dante est également inspiré de celui que réalisa Domenico di Machelino.  On voit que Botticelli reprend assez précisément la figure de Dante même s’il lui fait un manteau plus ample, plus rouge et que son Dante paraît plus jeune, moins sage. En effet, il le représente lors de son voyage initiatique, Dante apprenti en quelque sorte, Dante à l’épreuve, alors que celui de di Michelino est déjà l’auteur du livre, (il le tient à la main), revenu de son périple et ayant appris. Il est placé entre l’entrée de l’Enfer et la montagne du Purgatoire. A sa droite on voit Florence dont il fut banni et qu’il critique à travers son ouvrage.
En ce qui concerne Virgile, il n’y avait pas de tradition, de code nous dit Dreyer.[8]. C’est donc Botticelli qui fit le choix de son apparence et de son  habit. En fait, il reprit la représentation d’une illustration de 1328-1330, Cantica dell’Inferno, dont l’artiste est anonyme. Cette représentation a également été reprise par un autre artiste dont Botticelli se serait inspiré : Bartolomeo di Fruosino dans son illustration de la Comédie. Virgile y est habillé en bleu, portant une barbe et est  plus grand que Dante ce qui, suivant le code médiéval signifie un personnage doté  d’un plus haut degré de science, principalement de science théologique[9]. La barbe est également un signe de sagesse. Ainsi on voit que Botticelli respecte la volonté de Dante de présenter Virgile comme un grand sage, son guide et donc plus savant que lui. Si on regarde le tableau de Eugène Deully, Paolo et Francesca aux Enfers, on a deux personnages totalement différents. Si le peintre reprend l’habit de Dante, il le représente comme un vieillard, qui contraste particulièrement avec Virgile, jeune, vêtu d’une toge qui laisse apparaître son torse musclé et portant une couronne dorée sur la tête. Là ce n’est pas l’idée du guide, du savant qui domine mais celle de la rencontre entre deux personnages d’époques différentes. Néanmoins, le geste de Virgile signifie clairement que c’est lui qui sait et qui guide un Dante inquiet.
Quant à la Divine Comédie, elle fut également souvent illustrée, soit par les enlumineurs, soit dans la peinture monumentale. Les enlumineurs représentaient en général les éléments du récit, ils mettaient en images les descriptions. De plus, il ne s’agit pas du seul voyage dans l’au-delà, le sujet du voyage initiatique est assez répandu et souvent illustré. Un exemple en est Le Verger de Soulas, les Douze Peine de la Vision de saint Paul où saint Paul est conduit en enfer, guidé par saint Michel. On retrouve, comme pour Dante, deux personnages qui visitent l’enfer et observent les différents supplices. Si chaque scène est présentée indépendamment, elles obéissent toutes à la même configuration. Les personnages se tiennent toujours à gauche, saint Michel que l’on reconnaît grâce à ses ailes à la droite de saint Paul.
Peter Dreyer distingue deux différences principales entre l’œuvre de Botticelli et ces traditions en place : « la représentation de chaque chant en consécution et dans la même dimension, d’autre part, la restriction de son illustration au véritable cours extérieur du périple de Dante, dans un cadre  topographique logique, c’est-à-dire la coupe du cratère de l’Enfer(…). [10]»
Il semblerait qu’il s’est inspiré pour cela du projet de l’édition Landino de la commedia  et d’un bas-relief de Raggio « Sensale »[11] qui représentait l’enfer dans une niche. Ce bas-relief a disparu, si bien qu’on n’en possède qu’une description de Vesari dans le Vita de Filippino  Lippi. Néanmoins un dessin de Guiliano da Sangalla, Le Cratère de l’Enfer, ressemble à la présentation de Botticelli de l’Enfer, on a la même coupe topographique mais vue sous un angle différent. On peut donc penser, avec l’auteur, que les deux artistes ont pris un même modèle qui devait être de forme tridimensionnelle[12].  
Botticelli s’est sans  doute également inspiré de la représentation des cercles de l’illustration de Bartolomeo di Fruosino de l’Enfer de Dante qu’il réalisa vers 1420, c’est-à-dire une soixantaine d’années avant Botticelli, lui-même reprenant des éléments de Nardo di Cione à la chapelle Strozzi. Il s’agit d’une sorte de coupe latérale de l’enfer qui nous permet de saisir les différents cercles d’un seul coup. L’artiste a représenté Dante et Virgile dans la plupart de ces cercles. Là encore, les deux personnages répondent à l’iconographie en place. On voit à travers ces différents exemples qu’il y avait déjà une tradition de représentation italienne de l’enfer. Monique Blanc présente différentes illustrations de l’enfer de cette époque, souvent liées au jugement dernier, et on voit clairement que toutes ces représentations se ressemblent, utilisent les mêmes symboles, ont une même vision de l‘au-delà.
On arrive à ce constat en partant notamment de la question des représentations des allégories, nombreuses dans ce texte. Comment les peintres et illustrateurs représentent cela ? Le problème des allégories, des symboles est qu’ils sont historiquement déterminés, comment les comprendre quand on a perdu les clefs de lecture ?

La question de l’illustration est également celle du statut de l’image et du rapport texte-image. Quel est le rôle de l’image par rapport au texte, quelle est la nature de leur lien ? S’agit-il d’une adaptation ? Et si oui, de quel type est-elle [13]? S’agit-il simplement de coller des images sur de l’écrit, faire correspondre des dessins, des représentations à des mots ? N’illustre-t-on que l’essentiel ? Il s’agit dès lors soit d’accompagner soit de synthétiser.  On peut également  tenter de rendre compte de tout et à ce moment-là les images peuvent remplacer le texte. Une autre possibilité étant de donner grâce aux illustrations davantage de sens, voir un autre sens.
À propos du rapport langage verbale - langage visuel, Martine Joly dégage deux points de vue possibles : le premier considère que l’image évacue le langage verbal et plus particulièrement l’écrit, au point de le rendre caduc, voir de l’éliminer[14].
Selon le second, par contre, le langage verbal et plus particulièrement la linguistique, domine tout langage, y compris le langage visuel, car comprendre c’est dire ou nommer. Cette approche est notamment défendue par Barthes.
Ce débat illustre la question que pose le statut de l’image. En effet, le premier point de vue manifeste la peur que celle-ci inspire à certains, la peur de notre société dite de l’image qui s’éloignerait de l’écriture, comprise comme le moyen du savoir et de sa transmission. McLuhan parle à ce propos de passage de la galaxie Gutemberg à la galaxie Marconi[15].
Quoi qu’il en soit, nous avons tendance à donner plus de valeur à l’écrit et l’image est souvent là pour accompagner, illustrer,  voir reposer les yeux. D’où le choix de certains de séparer dans les livres texte et image, afin que les deux vaillent indépendamment et soient abordés comme  œuvres à part,  comme autosuffisantes. Ce n’est pas là le parti pris des éditions comportant les illustrations de Botticelli. Depuis le projet de l’édition Landino, on les place en vis-à-vis, et le plus souvent en disposant les feuilles à l’italienne, soulignant par là l’idée et le projet d’illustration. L’image répond au texte et l’œuvre semble former une unité. Néanmoins, de par la grande expressivité de ces dessins, on dépasse l’illustration, il s’agit davantage d’explication du texte. L’image aide à la lecture et à la compréhension, elle rend plus « lisible ». Botticelli Illustre chaque chant et chaque détail du chant. Il reprend toutes les descriptions et les met en images. Mais il n’est pas seulement fidèle au texte, il transmet également l’esprit. Etant donné que la Divine Comédie est une œuvre assez subjective, l’auteur se met en scène et parle clairement de son point de vue, décrit ses sentiments, ses interprétations, comment un autre peut-il s’emparer de cela et le traduire ?
On peut dire que c’est là notamment une des grandes réussites de Botticelli. Ses illustrations mettent l’accent principal sur Dante et Virgile, il ne s’agit pas tant de figurer l’enfer, d’en faire des représentations terrifiantes que de mettre en scène le voyage initiatique de Dante. C’est sur ses émotions, son ressenti que s’attachent les dessins et on peut dire que c’est peut-être là la manifestation de l’humanisme qui dominait à l’époque et qui a fait percevoir à Botticelli que c’est Dante le thème principal et non pas l’enfer.


Comme cela a déjà été dit, l’illustration de ce livre n’est pas la première, ainsi Botticelli se place dans une tradition déjà bien constituée. La démarche qu’on retrouvait le plus souvent est celle-là même qui a été reprise par Botticelli : illustrer suivant un fil continu, représenter les deux personnages plusieurs fois au sein d’un même tableau pour voir leur progression. André Chastel parle à ce propos de procédé “pré-cinématographique” dans son livre sur Florence au temps de Laurent le Magnifique. On peut voir ce développement dans Le Péché originel, les Très riches heures du duc de Berry, peint par Jean de Limbourg au début du XVème siècle, où on assiste à toutes les étapes du péché jusqu’au bannissement du Paradis.
Au XVème, on abandonna le fil continu pour une série d’épisodes séparés. Cette approche convient cependant moins pour la Divine Comédie étant donné que son but, son histoire, c’est la traversée elle-même, le fil, le passage.
Botticelli mêle les deux techniques : continu et fragmentaire. En effet, on a des tableaux séparés, un par chant. Néanmoins, il y a un lien entre eux, ils se suivent. Ainsi souvent il inclut une partie du précédant dans le suivant, insistant par là sur le cheminement, l’avancée: Virgile et Dante vont de là à là, en avançant ils passent devant telle ou telle scène. Chez Botticelli il ne s’agit pas seulement de représenter les épisodes mais également les transformations des personnages. Aussi il leur donne une grande expressivité et c’est cela qu’on voit dans chaque tableau, pas seulement les personnages qui avancent mais également les personnages qui réagissent à ce qu’ils voient, sentent, entendent, les différents sens étant ainsi figurés.  C’est cela qui fait, selon Dreyer, l’originalité de son approche. Son illustration se différencie de celle des prédécesseurs par le fait que ces derniers ne peignaient que l’action, les paysages, ce qui était donné. Ils illustraient uniquement le décor de l’Enfer et ce qui y avait lieu.

La difficulté de la représentation de ce texte est qu’il est à la fois symbolique et narratif : comment illustrer l’histoire sans en perdre la valeur symbolique ? Comment rendre compte des détails et des symboles ? Comment les peintres et illustrateurs représentent les nombreuses allégories du texte ? Le problème des allégories, des symboles est qu’ils sont historiquement déterminés, comment les comprendre quand on a perdu les clefs de lecture ?
L’auteur fait appel à l’allégorie lorsque les autres types de discours se trouvent inefficaces, limités. Selon Anne-Marie Mercier Faivre[16] on l’utilise lorsqu’il s’agit de parler de phénomènes supra-sensibles, de choses dépassant notre entendement. A ce moment là, le langage commun ne suffit plus, on ne peut pas dire, il s’agit de faire comprendre, de suggérer. Pour ce type de discours l’allégorie ainsi que la peinture, la musique, se trouvent être plus efficace que le langage référentiel, de par le manque de référant.
En un sens, c’est ce que suggère également Merleau-Ponty lorsqu’il considère le peintre comme seul capable de voir cette «  nappe de sens brut [17]» qu'est le réel, et d'y voir le visible derrière l'invisible : “La peinture ne fournit pas l’origine du langage, mais une expression ou un logos primordial qui le précède, dans ce que l’on pourrait appeler le parcours de l’expression qui conduit de la perception au langage articulé”[18].

Ces remarques s’appliquent assez bien à l’enfer, lieu des phantasmes de chaque civilisation.
Si de nombreux critiques reprochent à Botticelli de ne pas faire preuve de cohérence dans ses dessins, et ce par l’absence de hiérarchie dans la composition et le manque de clarté, Jacqueline Risset, la traductrice de Dante, considère que c’est là justement qu’il est tout fait fidèle à l’esprit du texte. Car l’Enfer c’est précisément le désordre, le chaos, l’absence de toute harmonie et de tout ordre. Ainsi, comme l’Enfer, la composition obéit à un ordre du chaos et de la violence. Son enfer est surchargé, plein de corps nus, torturés, souffrant et remplis de démons, il n’y a pas d’échappatoire, le paysage est entièrement bouché, rempli.
Ce qui correspond à la description de Dante, lui-même inspiré de  l’enfer grec qu’Hésiode décrit comme un monde clos ressemblant à une jarre géante ou à une caverne.[19]

Pour comprendre cela, il peut être intéressant de revoir les grandes conceptions de l’enfer.
En effet, s’il y a une certaine notion de l’au-delà qui se manifeste dans toutes le civilisations, il faut préciser que celle-ci prend d’une part des formes fort différentes, d’autre part qu’il y a néanmoins de nombreuses similarités dans les idées de base. Ainsi, par exemple, la figure du démon qui, comme l’écrit  Monique Blanc, ont toujours obsédés les hommes[20], se manifestant de différentes façons suivant les civilisation. L’iconographie démoniaque s’est définitivement fixée au XIIème siècle. Il est admis qu’il peut prendre les formes les plus diverses, en général celle des montres mythiques tels que les dragons, les chimères ou bien des animaux comme la scorpions, le serpent, crocodile, mouche, oiseau, mais également des formes humaines, en général des beaux jeunes gens, notamment de jeune fille nue, trahis par des griffes, des poils et des détails inquiétants. Le mal est en général représenté par des couleurs sombres. Cette origine de la peau noire pour le mal remonterait, d’après Monique Blanc qui s’appuie sur le père du Bourguet aux dernières époques pharaoniques[21]où le mal, l’ennemi du pharaon est l’Ethiopien, ce qui donna lieu à une identification entre les deux. Néanmoins les couleurs son également utilisées car elles ont chacune une signification. Un démon d’une certaine couleur représente un certain péché. Leur utilisation n’est donc pas anodine. Il est dommage que Botticelli n’ait pas fini son illustration, ce qui fait que l’information couleur nous manque.
Notre conception chrétienne de l’enfer punitif nous vient des civilisations orientales, en particulier des enfers égyptiens et mazdéens[22]où suite à la pesée du cœur, le bon est récompensé et le mauvais puni. Cette idée est ensuite reprise par les Grecs et les romains.
Si c’est l’enfer grec qui inspira l’enfer chrétien, il faut tout noter que celui-ci manifestait en premier lieu  les préoccupations sociales et politiques de l’époque. Ainsi, Georges Minois définit les bâtisseurs de ces enfers comme des “législateurs et des sociologues, à la recherche de la société idéale. [23]»En effet, comme l’écrit Panofsky, « Les Grecs {qui} s’intéressaient davantage à la vie sur terre qu’à celle de l’au-delà (…)[24]».

Dès le cinquième siècle avant Jésus-Christ, trois notions de l’Enfer coexistaient dans le monde gréco-romain[25]. Il s’agit de l’enfer existentiel, de l’enfer philosophique et de l’enfer populaire.
Ce dernier est celui de Virgile qui est animé par un désir de vengeance et de justice, les méchants y sont punis et subissent différentes torturent et supplices pour expier leurs péchés. Dans son Enéide il décrit précisément l’Enfer. Ainsi il n’est pas étonnant que Dante le choisisse pour guide dans sa descente aux enfers. Il y décrit le voyage d’Enée qui s’y rend pour rendre visite à son père. Cet enfer est à la fois symbolique et constitué d’images concrètes. On y entre par une caverne située dans le marais de l’Achéron en Campanie. Les gardiens en sont des harpies, gorgones, hydres, centaures. La conception chrétienne en fait des démons. On y retrouve les mêmes juges et le même type de châtiment pour les différents types de péchés commis que chez Dante.
On comprend que Dante ait choisi Virgile pour guide, il s’agit du même enfer christianisé. Néanmoins il faudrait faire une lecture comparative de ces textes et voir quelles modifications une pensée chrétienne médiévale a pu apporter à cette œuvre. En quoi la version de Dante se différencie-t-elle de celle de Virgile ? S’agit-il simplement d’une conception antique face à une conception médiévale? Une conception païenne et une chrétienne ? Comment cela se manifeste-t-il à travers les images ?  Que nous apprennent les illustrations de l’enfer de Virgile par rapport à celui de Dante ? Il serait intéressant de comparer, par exemple, les plans de ces deux « lieux », manifestent-t-ils une vision du monde différente ? La même approche pourrait être développée pour la Bible et l’élaboration des péchés capitaux. Dante ne respecte pas toujours ces classifications : il place les orgueilleux au purgatoire, les luxurieux et les gourmons aux premiers cercles de l’Enfer alors que pour Jean Cassien, qui est à l’origine de cette classification, il s’agit là de péchés parmi les plus graves[26]. On voit donc que Dante prend ses libertés par rapport à la doctrine, ce qui manifeste encore une fois de l’importante subjectivité de cette œuvre.

Si, comme cela vient d’être dit, l’enfer est chaotique, le texte de Dante, par contre, est construit avec un grand souci de cohérence. Il y a une logique entre les cercles, une classification, une hiérarchie qui correspond aux exigences de l’époque. Ainsi Minois explique le succès de ce texte par la fusion qu’il opère entre « l’imaginaire d’épouvante, la rigueur intellectuelle logique, le symbolisme évocateur, et la rigueur doctrinale. [27]»
Dante a étudié la rhétorique avec son maître Brunetto Latini[28], qu’il fait figurer par d’ailleurs dans le cercle des sodomites. Comme l’explique Chaïm Perelman dans L’empire rhétorique, cet art de la persuasion qui devait permettre d’agir sur les hommes au moyen du discours a commencé  à être peu à peu déconsidérée et la rhétorique aristotélicienne modifiée dès le moyen âge[29]. Pourtant, en voyant la finalité de l’enfer, à savoir persuader les fidèles de rester sur le droit chemin, c’est-à-dire d’obéir aux commandements divins et aux décrets de l’Eglise, on ne peut s’empêcher de penser que la rhétorique aurait été l’outil parfait. Il me semble en effet que parler de rhétorique pour l’image n’est pas contradictoire dans le sens où l’image est également un langage. Je m’appuie pour se dire sur Barthes qui a réfléchi à ce problème de la nature linguistique des différents types de langage dans son article La rhétorique de l’image. Pourtant ce n’est pas elle qui est utilisée dans la majorité des illustrations de l’enfer. La rhétorique est un outil de la logique, il s’agit de convaincre par des arguments rationnels et une certaine structure du discours. Or, l’Eglise voulait en premier lieu effrayer les masses avec ses descriptions. Il ne s’agissait pas tant de convaincre, de persuader au moyen de la raison que d’effrayer. Les images n’avaient pas pour fin de faire réfléchir les croyants mais de leur faire peur. Aussi se devaient-elles d’être les plus effrayantes possibles.

Voyons à présent ses différentes représentations.
Nous avons remarqué qu’il y avait une tradition italienne pour la représentation de l’enfer et du jugement dernier. On trouve cependant une dimension plus humaine chez Signorelli et Michel Ange. Ainsi, par exemple Les damnés de Signorelli : l’accent y est porté en premier lieu au corps des damnés qu’il exécuta avec une grande précision anatomique. C’est d’ailleurs ce que suggère le titre : ce sont eux et non pas l’enfer ou la punition qui est le thème de cette œuvre.
Mais ce n’est qu’avec les Flamands et le gothique tardif septentrional comme Van Eyck, de Memling, Thierry Bouts et Rogier van der Weyden par exemple, que le naturalisme devient dominant. Leurs damnés sont des hommes et des femmes, ont les voit souffrir, ce ne sont pas les monstres et démons qui effrayent mais bien la souffrance qui leur est infligée. Ceci me semble particulièrement évident  dans le Polyptique du Jugement dernier de van der Weyden où il n’y a même plus de démons mais seulement des corps aux visages grimaçants qui tombent. Comme l’écrit Monique Blanc : « tout le drame est rendu par les corps entremêlés, leurs mouvements désordonnés, la couleur blanche de leur chair sur le fond noir ou rougeoyant, et non par la fonction meurtrière des démons ou la nature du péché du damné. [30]» La douleur est décrite par Ripa comme l’image d’un jeune homme vêtu de noir, un jeune homme pâle et mélancolique portant un flambeau fumant. Il explique sa pâleur comme étant une marque de la douleur « car il est difficile de cacher sur le visage, étant, comme il est, l’image de l’âme. [31]»
Enfin, Jérôme Bosch et la lignée Bruegel  rendent également compte de l’enfer sur terre. C’est ce qui se dégage d’un tableau tel que La Nef des fous (ou Le Concert dans la barque)  où les fous représentent les différents vices des hommes[32].  Ces deux peintres soulignent l’absurdité du monde et la fatalité universelle.
Comme on le voit, à partir du XVème l’enfer est traité de  façon plus ambiguë. S’il reste un sujet religieux important, on en fait de plus en plus de parodies. Il ne suscite plus autant la peur, on relativise ses supplices comme on le voit par exemple dans le Pantagruel de Rabelais.
Les scènes infernales disparaissent de la scène artistique à partir du XVIIème. Rubens est un des derniers à faire des représentations de damnés. Ce phénomène a pour cause une restriction de l’Eglise. En effet, si jusque là tout était plus ou moins permis selon l’idée que l’être humain n’était de toute façon pas capable de s’imaginer l’horreur de l’enfer et que donc il pouvait figurer en enfer tous les monstres et tortures qu’il souhaitait, qu’il était capable de concevoir, la donne change au XVIIème car l’Eglise veut revenir à la  vérité doctrinale. En effet, vers le XVIIème a lieu la réforme tridentine. Après les désordres du Moyen-Age et de la Renaissance, l’Eglise veut remettre de l’ordre dans la culture occidentale. On redéfinit les croyances et on veut les fixer dans une forme définitive. Cette réforme tente de répondre aux besoins du XVIIème siècle. Par rapport à l’enfer, c’est une conception élitiste qui l’emporte, Ce ne sont que les élus qui montent au ciel.
Pendant la crise de conscience européenne, entre 1680 et 1720, l’enfer est remis en cause, s’appuyant sur le paradoxe qu’il y a entre l’infini amour divin et le supplice éternel des enfers. Enfin, au XXème c’est la conception d’un enfer purement terrestre qui l’emporte et on ne le représente plus que par des figures humaines torturées, les souffrances étant en général infligées par d’autres êtres humains. On retrouve là la célèbre phrase de Sartre : L’enfer, c’est les autres.

En dernier lieu, je voudrais reprendre en quelques phrases les questions que soulève l’image et principalement la sémiotique qui a fait de l’image son objet de prédilection. Comme le demande Barthes dans sa Rhétorique de l’image : comment le sens vient aux images ?
En effet, la sémiologie interroge les moyens de production de sens, et la question qu’elle pose à l’image est comment cette dernière fait sens, en quoi est-elle signe et quand est-ce que ce signe devient indice, symbole, icone (les trois catégories de l’image selon Peirce qui a établi les grandes bases de la sémiologie telle qu’on la pratique actuellement.) ? Comment s’organisent les images, où se situent leur point communs et leurs différences en tant que catégorie ? Ce que demande Barthes aux images c’est si les messages visuels utilisent un langage spécifique et si  oui, de quelles unités se constitue-t-il, en quoi est-il différent du langage verbal?

Par rapport à ce travail, il me semble que la notion de signe est centrale. Comme l’écrit Martine Joly, un signe n’est signe que s’il “exprime des idées”, et s’il provoque dans l’esprit de celui ou de ceux qui le perçoivent une démarche interprétative[33]. Comme nous l’avons vu, les signes sont culturellement et historiquement codés: comment se transmettent et se modifient-ils? Suivant quels critères, quelle logique?
En effet, si l’image se définit principalement par le rapport analogique qu’elle entretient avec quelque chose et que la ressemblance est son principe de fonctionnement, on voit que pour les sujets mythologiques, imaginaire, elle n’a pas d’exemple à imiter et ne peut donc que se fonder sur les représentations de l’imaginaire collectif. Cette ressemblance est définie par Joly comme ce qui correspond à l’observation de règles de transformation culturellement codées des données du réel, plus qu’à une “copie” de ce même réel[34].
  De plus, si les images, et ces images plus particulièrement encore, sont comprises, c’est parce  qu’il existe entre les emetteurs et les récepteurs un minimum de convention socioculturelles  Ce qui permet à Martine Joly de dire qu’elles doivent une grande part de leur signification à leur aspect de symbole[35]. En effet, il ne faut pas confondre la perception et l’interprétation. On voit l’image, ses formes et ses couleurs, on peut même reconnnaître les motifs mais ce n’est pas pour autant qu’elles font sens et qu’on est en mesure de les interpréter.
Cette question de l’interprétation appelle celle de l’intention de l’auteur. Si auparavant celle-ci était consiérée comme la plus importante et que c’était elle qu’il s’agissait de découvrir quand on analysait une oeuvre, les choses ont changé avec la nouvelle critique des années 60 telle qu’elle a été conceptualisée par exemple par Eco dans Les limites de l’interprétation, par Barthes dans ses Essais critiques ainsi que par Hans Robert Jauss dans Pour une esthétique de la réception. Pour ces penseurs, l’auteur lui-même n’est pas détenteur du sens de son oeuvre, elle le transcende. Aussi ce n’est pas le sens qu’elle pouvait avoir pour l’auteur qui est à chercher mais celui qu’elle a au moment de sa lecture, le sens qu’elle a pour son lecteur.

Plutôt que de conclure, je voudrai terminer en citant quelques auteurs qui m’ont aidé à mieux comprendre les débats et les enjeux de cette question de l’image[36]:

Pour la question de l’interprétation,  les trois niveaux de lecture que distingue Panofsky. A savoir :

1)   la description pré-iconographique qui rend compte des motifs indépendamment de leur signification.
2)   L’analyse iconographique qui déchiffre justement de tels gestes et, plus généralement, rend compte des significations conventionnelles dans un contexte donnée.
3)   L’interprétation iconologique qui dépasse l’identification des thèmes et interroge l’oeuvre comme symptôme, comme témoin des valeurs symboliques d’une civilisation.

À propos du devenir de l’image, Baudrillard dans Simulacre et simulation détermine trois étapes de l’image dans l’histoire et les associe à une fonction sociale :

1)   celle de l’image métamorphose des anciens où image a une fonction sacrée.
2)    celle de l’image métaphore dont la fonction serait esthétique
3)    celle de l’image métastase, contemporaine, médiatique, proliférente et autoréferentielle qui aurait perdu toute signification, toute prétention de signification en soi.

On peut rapprocher ces étapes des trois âge du regard que défint Régis Debray dans Vie et mort de l’image: une histoire du regard en Occident.

1)    le régime idole, où l’image est voyante
2)    le régime art où l’image est vue
3)    le régime visuel où l’image est visionnée.

A travers ces penseurs, nous pouvons nous rendre compte de la difficulté qu’il y a à penser l’image. En effet, si nous sommes dans une société de l’image comme cela est affirmée un peu partout, ce n’est pas pour autant qu’on la comprend, qu’elle va de soi. Ce travail m’a permis de me rendre compte que c’est plutôt l’inverse qui a lieu, que le statut de l’image change et que le fait d’en parler de façon général masque cette problématique.






Propositions bibliographiques par thème

L’image ( et la rhétorique) :

Les livres et articles de Roland Barthes portant sur la sémiologie :
·      “Eléments de sémiologie”,” Rhétorique de l’image” in Communications n°4, Seuil, Paris, 1964.
·      L’empire des signes, Seuil, Paris, 2005.
·      L’aventure sémiologique, Seuil, Paris, 1991. Système de la mode.

Jean Baudrillard :
·      Le système des objets, Seuil, Paris, 1981.
·      Simulacres et simulation.Galilée, Paris, 1985.

Régis Debray
·      Vie et mort de l’image. Une histoire du regard en Occident, Galliamrd, Paris, 2007.

Umberto Eco:
·      La Production des signes, Poche, Paris, 1992.
·      Le Signe, Labor, Bruxelles, 1988.
·       L’oeuvre ouverte, Seuil, Paris, 1994.
·       Les limites de l’interprétation, Grasset, Paris, 1992.


Martine Joly
·      Introduction à l’analyse de l’image, Nathan, Paris, 1994.
·      L’image et les signes, Nathan, Paris, 1994.

Louis Marin
·      Des pouvoirs de l’image, Seuil, Paris, 1975.

Anne-Marie Mercier Faivre « L’allégorie, une image qui parle ? »,  Cycnos,  Volume 11 n°1,  mis en ligne le 16 juin 2008, URL: http://revel.unice.fr/cycnos/document.html?id=1353

André Helbo,
·      L’adaptation : du théâtre au cinéma, Armand Colin, Paris, 1997.

MERLEAU-PONTY, L'œil et l'esprit, (+ dossier par L. DOUSSON & C HUBERT-RODIER),
·      Folioplus, philosophie, 1964, Paris.

Erwin Panofsky
·      L’oeuvre d’art et ses significations, Gallimard, Paris, 1969.
·      Essais d’iconologie. Les thèmes humanistes dans l’art de la Renaissance, Gallimard, Paris, 1967.

Jean Paulhan,
·      Les Fleurs de Tarbes. Gallimard, Paris, 1990.
·      Chaïm Perelman
·      L’empire rhétorique. Rhétorique et argumentation, Vrin, Paris, 2002.
·      Le Champ de l’argumentation, Editions de l’université de Bruxelles, Bruxelles, 1970.
Paul Ricoeur
·      Le Conflit des interprétations, Seuil, Paris, 1969.
·      La Métaphore vive, Seuil, Paris, 1975.

Cesare Ripa
·      Iconologie, Aux Amateurs de Livres&Bibliothèque Interuniversitaire de Lille, Paris, 1989.
·       de

Voir également les publications du groupe µ
·      “Signe iconique/signe plastique” in Revue d’esthétique, n°1324, Seuil, Paris, 1979.
·      Traité du signe visuel. Pour une rhétorique de l’image, Seuil, Paris, 1992.

L’Enfer :

Jérôme Baschet
·      Les justices de l’au-delà: les représentations de l’enfer en France et en Italie du XIIème au Xvème siècle, Ecole française de Rome, Rome, 1993.

Monique Blanc,
·      Voyage en Enfer. De l’art paléochrétien à nos jours, Citadelles et Mazanod, Paris, 2004.
George Minois
·      Histoire de l’enfer, Presses Universitaires de France, Paris, 1994.
·      Histoires des enfers, Fayard, Paris, 1991.

Enfer et paradis : l'au-delà dans l'art et la littérature en Europe : actes du colloque / organisé par le Centre européen d'art et de civilisation médiévale et la Sociéte des lettres, sciences et arts de l'Aveyron à Conques les 22 et 23 avril 1994, Conques, 1994.

La Divine Comédie :

Aligighieri Dante
·      La Divine Comédie, (trad. de Jacqueline Risset), Diane de Selliers , Paris, 1996.

Yvonne Batard
·      Les dessins de Sandro Botticelli pour la Divine Comédie, Olivier Perrin éditeur, Paris, 1952.

Pierre Dreyer
·      « Histoire du manuscrit » in La Divine Comédie, ibid.., p.29.

Nadine Bordessoule, « Illustrer l’Enfer : Dante-Doré, Enonciation »,  Cycnos,  Volume 11 n°1,  mis en ligne le 17 juin 2008, URL: http://revel.unice.fr/cycnos/document.html?id=1372


[1] MINOIS G., Histoire de l’enfer, Presses Universitaires de France, Paris, 1994.
[2] Cité Monique Blanc,, Voyage en Enfer. De l’art paléochrétien à nos jours, Citadelles et Mazanod, Paris, 2004, p.9.
[3] Le terme de « dessin » est incorrect. En effet, un dessin est, selon la définition de Dreyer une figuration graphique peut se conserver en l’état et ne disparaît pas lors de la mise en couleur, ici de l’enluminure. Néanmoins, il nous permet d’insister sur la qualité graphique de l’œuvre et d’éviter les répétitions qu’entrainerait l’usage exclusif du terme « illustration ».
[4] BLANC M., ibid.,p.186.
[5] Nadine Bordessoule, « Illustrer l’Enfer : Dante-Doré, Enonciation »,  Cycnos,  Volume 11 n°1,  mis en ligne le 17 juin 2008, URL: http://revel.unice.fr/cycnos/document.html?id=1372
[6] Sur le néoplatonisme en Italie voir notamment le chapitre V et VI des Essais d’iconologie de Erwin Panofsky, « Le mouvement néo-platonicien à Florence et en Italie du Nord (Bandinelli et Titien) », « Le mouvement néo-platonicien et Michel-Ange), pp203-313.
[7] Cité par BATARD Y., Les dessins de Sandro Botticelli pour la Divine Comédie, Olivier Perrin éditeur, Paris, 1952, p. 5.
[8] DREYER P., « Histoire du manuscrit » in La Divine Comédie, ibid.., p.29.
[9] Ibid., p.25.
[10] Ibid.,p.30.
[11] Ibid.
[12] Ibid, p.32.
[13] Pour la question de l’adaptation, voir notamment le livre d’André Helbo, L’adapation : du théâtre au cinéma, Armand Colin, Paris, 1997.
[14] JOLY M., L’image et les signes. Approche sémiologique de l’image fixe, Nathan, Paris, 1994, p.19.
[15] Ibid., p.18.
[16], Anne-Marie Mercier Faivre « L’allégorie, une image qui parle  ? »,  Cycnos,  Volume 11 n°1,  mis en ligne le 16 juin 2008, URL: http://revel.unice.fr/cycnos/document.html?id=1353[16] P.24.
[17] SOUBIRAN Flavia et JEANMART Florian, exposé dans le cadre du sémaire  sur des questions de philosophie à l’Université Libre de Bruxelles.
[18] MERLEAU-PONTY, L'œil et l'esprit, (+ dossier par L. DOUSSON & C HUBERT-RODIER),
Folioplus, philosophie, 1964, Paris,, p.54.
[19] MINOIS G., ibid.,p.26.
[20] BLANC C., p.10.
[21] BLANC M., p.43.
[22] Ibid., p.15.
[23] MINOIS G., p.24.
[24] PANOFSKY E., Essais d’iconologie. Les thèmes humanistes dans l’art de la Renaissance, Gallimard, Paris, 1967, p.267.
[25] MINOIS G., p.29.
[26] BLANC M., idem, p.38.
[27] MINOIS, idem, p.80.
[28] Des extraits de la rhétorique de Latini sont notamment publiés dans l’ouvrage de Jean Paulhan, Les Fleurs de Tarbes.
[29] PERELMAN C., L’empire rhétorique. Rhétorique et argumentation, Vrin, Paris, 2002, p.10.
[30] BLANC C., p.114.
[31] RIPA C., Iconologie, Aux Amateurs de Livres&Bibliothèque Interuniversitaire de Lille, Paris, 1989, p. 56. (j’ai retranscris en français moderne).
[32] Ibid, p.166.
[33] JOLY M., Introduction à l’analyse de l’image, Nathan, Paris, 1994, p.22.
[34] Ibid, p.56.
[35] Ibid, p. 32.
[36] Ibid, p.55. 

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