vendredi 27 août 2010

La question de la grâce, du mal et du libre arbitre chez saint Augustin.


La question de la grâce, du mal et du libre arbitre chez saint Augustin.

Ce travail porte sur la question de la grâce chez saint Augustin, sujet qui occupe une partie importante de son oeuvre, c’est elle qui a prêté le plus à polémiques et que l’on retient aujourd’hui principalement de sa doctrine.  Il est intéressant de voir comment la pensée et l’argumentation de ce grand esprit qu’était Augustin évoluaient à travers ces controverses qu’il a suscité ou auxquelles il a pris part, voir comment il a réussi à articuler la nouvelle notion de grâce qu’il proposait avec les dogmes de l’Eglise.
Celui qu’on nomme souvent « Père de la grâce » n’a développé cette question, du moins dans sa profondeur, qu’à une période assez tardive de sa vie, plus précisément à partir de la controverse pélagienne qui débuta vers 410. A partir de cette date, il s’occupa principalement  de la question de la grâce divine et ce jusqu’à sa mort.
Pélage, moine breton, se donna pour fin de réformer l’Eglise, de créer « l'Eglise des purs ».F72 En effet, il se trouvait décontenancé par l’attitude générale des chrétiens et voulut leur donner une nouvelle voie à suivre pour sortir de leur errance et rejoindre le juste chemin du Christ. Pour cela il importait de responsabiliser les hommes, de susciter chez les fidèles une nouvelle ferveur, un nouveau style de vie et de religiosité basé sur l’action bonne. Il voulait les pousser à se reprendre en main, à sortir de la débauche et à lutter contre le péché. Il considérait que « Dieu nous a donné d’être humain mais c’est à nous-mêmes que nous devons d’être justes[1]». Il insistait sur la puissance du libre arbitre qu’il désigna comme « notre possibilité naturelle » et déclara que c’est avec ce don de Dieu que les hommes ont à orienter leur vie. La Loi ancienne et la Loi nouvelle sont là pour nous rappeler les idéaux moraux mais ce que l’homme décide d’en faire dépend de sa volonté propre et libre. L’homme peut de lui-même, de ses propres forces, accomplir le bien et s’élever à la perfection. La grâce peut lui faciliter la tâche mais elle n’est pas nécessaire[2].
C’est pour cela qu’il met en première place le pouvoir du libre arbitre et ce faisant, va  jusqu’à nier la nécessité de la grâce. La grâce nous est donnée par Dieu pour nous aider à suivre les commandements divins mais ce n’est qu’une aide, l’homme peut y arriver seul par sa libre volonté. Il s’ensuit que si l’homme peut se sauver tout seul par sa volonté, le Rédempteur est venu pour rien, le Christ est mort inutilement. Comme l’écrit Augustin : « [...] si le pouvoir naturel émanant du libre-arbitre suffit à l'homme non seulement pour savoir comment il doit vivre, mais pour bien vivre, c'est donc que le Christ est mort pour rien, ç'en est donc fait du scandale de la Croix.» [3] (). Pour le Docteur africain le pélagianisme présente la même hérésie que celle qu'on trouve dans la philosophie, à savoir que l'homme peut de lui-même, sans le secours de Dieu, définir un style de vie qui mène à une vie bonne, à une vie heureuse, au sens normatif du terme.
Que les idées pélagiennes aient beaucoup inquiété l’Eglise au début du Vème siècle apparaît comme évident. Ces idées, en plus de la non-nécessité de la grâce, nient que la charité, c’est-à-dire cela même qui définit la religion chrétienne, vienne de Dieu. Pélage et ses disciples considèrent que nous possédons les biens de nous-mêmes et ne nous ont pas été donnés par Dieu. Ils nient également que le péché originel tel qu’il condamnerait les enfants à la naissance. D’après eux, le baptême n’a pas une fonction de rédemption, il ne nous fait pas passer du mal au bien mais d’un bien inférieur à un bien supérieur qui nous permet d’être admis dans le Royaume de Dieu. Cette question du devenir des nouveaux-nés non baptisés fût d'ailleurs le point de départ de la controverse pélagienne, Pélage n'acceptant pas l'idée que ces tout jeunes enfants aillent en enfer alors qu’ils sont encore innocents de tout pêché. Sans aller jusqu'à leur offrir le paradis, Pélage proposa pour eux une sorte d'entre-deux ; ils ne sont pas voués à une mort éternelle mais à une certaine vie éternelle[4]. Sur ce point, on peut dire que Pélage l’emporta ; l'Eglise de Rome a en effet condamné la sévérité d'Augustin par rapport au sort des enfants et des hommes non-baptisés pour lesquels Augustin ne prévoyait que l'enfer. L'Eglise proposa le même type de solution que Pélage : une miséricorde divine intermédiaire.  Le moine breton ne croit pas en l’immortalité d’Adam et à la mortalité de l’homme en tant que conséquence de sa chute mais considère que cette mortalité est la nature de l’homme et, en ce sens, il définit le péché non en tant que substance mais en tant qu’acte. Sa négation du péché originel, avait pour but de pouvoir mieux condamner toute faute, tout autre pêché et d’être en mesure de lui livrer une guerre sans pitié, car l'homme est par sa doctrine naturaliste -ayant le choix entre le bien et le mal- rendu absolument libre de ses choix de vie[5]et en est donc responsable. Contre ce qu'il appelle la grâce inhumaine d'Augustin il prône une méritocratie que Lancel définit comme morale surhumaine[6]. La première oeuvre d'Augustin s'opposant à ces idées, le "De peccatorum meritis et remissione", a été écrite en 411-412 et depuis la majeure partie de ses écrits se concentrèrent sur ces questions. Il y écrit que les hommes ont été créés immortels et auraient pu le rester s’ils n’avaient pas péchés. La mort a été la peine de leur faute. Etant mortels ils ne pouvaient engendrer que des enfants mortels. Ainsi ce qui était une punition pour les premiers hommes est devenu notre nature, écrivait-il également dans sa « La cité de Dieu»[7]. Il présente le péché héréditaire comme étant d’une double nature : d’une part, il est, comme nous venons de le voir, collectif. D’autre part, il est personnel et imputable à chaque individu. En effet, tout homme est co-responsable de la chute d’Adam. Cette vision du péché héréditaire est une nouveauté dans la Tradition. Augustin ne l’a développé que vers 396, c’est-à-dire peu avant sa prise de position dans la controverse pélagienne. Jusque-là, il considérait, en accord avec la Tradition, que ce qui s’était transmis d’Adam aux hommes étaient la mortalité, l’ignorance, la souffrance,...mais pas le péché, pas la damnation[8]. Dans « De gestis Pelagii » il réfuta la tripartition pélagienne de l'accomplissement des préceptes divins. Selon celle-ci, il y avait d'une part le pouvoir d'être juste qui nous était donné ontologiquement par Dieu, ensuite la volonté d'être juste et enfin l'agir juste. La volonté et l'action dépendant de nous, étant des développements de notre libre arbitre. Pélage et ses disciples faisaient selon lui preuve d'orgueil en osant substituer à la justice de Dieu celle de l'homme, il parlait à ce propos de « superba impietas », d'ingratitude envers Dieu. En effet, « Si Dieu t'a fait homme et si toi-même tu te fais juste, alors tu fais mieux que n'a fait Dieu. », [9] écrit-il dans un serment en 416. Parmi les visions hérétiques de Pélage, si Augustin s’est principalement employé à affirmer la primauté de la grâce, c’est également parce qu’il se sentait personnellement concerné  par cette question. En effet, il considérait avoir été touché par une grâce qui l’a détourné du mauvais chemin où il se fourvoyait et a permis sa conversion morale et sa conversion à la foi chrétienne. La vraie grâce est celle de Jésus Christ ; il ne s’agit ni du libre arbitre ni d’un don extérieur de la doctrine pas plus que de la seule rémission des péchés. Il s’agit de bien plus que cela : « c’est un don intérieur de lumière et de force qui nous fait accomplir le bien dans la délectation de l’amour .»[10] On peut citer Gilson qui, dans son Introduction à l’étude de saint-Augustin, écrit : « [...] le pélagianisme était la négation radicale de l’expérience personnelle d’Augustin ou, si l’on préfère, l’expérience personnelle d’Augustin était [...] la négation même du pélagianisme.»[11] Pélage était comme le meilleur ennemi d’Augustin, son plus grand adversaire. Il le respectait d’autant plus que Pélage et ses disciples menaient une vie d’austérité et de continence. Aussi l’évêque d’Hippone les dit dignes de louanges pour leurs oeuvres car elles honorent le Christ, leur seule, mais très grave erreur, est de nier la justice divine[12].
C’est par la grâce que nous avons la foi car pour croire il nous faut d’abord avoir été en contact avec la Vérité. La foi consiste à attendre dans l’espérance ce qui ne nous est pas donné de voir dans l’expérience de notre réalité quotidienne. Avec la foi, la mort devient un moyen de passer à une vie bien meilleure[13]. C’est par la grâce que la Loi devient attrayante car elle nous permet de voir sa bonté et nous donne envie de nous y conformer. Avec la grâce on peut surmonter la passion de mal faire, le péché devenant encore plus attrayant par le fait de son interdiction, la grâce est d’un grand secours pour l’homme. Ainsi ce n’est pas à partir de nous-même que nous faisons le bien. En effet, comme l’écrit Augustin dans « De ciuitate Dei », vivre selon l’homme, c’est vivre selon le diable, c’est vivre selon le mensonge. Il faut vivre selon Dieu, c’est-à-dire vivre selon la vérité et se maintenir en elle[14]. Cela implique-t-il que ceux qui n’ont pas reçu la grâce ne sont pas capables de faire le bien ? Les infidèles peuvent effectuer des actes d’une certaine bonté car par leur nature d’êtres humains créés  par Dieu, il subsiste en leur âme une image de Dieu. Seulement, ces actions bonnes n’ont pas la moindre utilité pour la vie éternelle, par leur état d’infidèle ils ne sont pas sauvés de la condamnation. Il ne faut pas appeler les vertus des infidèles vraies vertus, leur bonté est incomplète car elle n’est pas tournée vers Dieu. Mais si c’est Dieu qui par la grâce fait le don de la foi, n’est-ce pas injuste que ces hommes non touchés par elle soient tenus responsables de leur état de non-croyants et condamnés ? Et quel mérite y a-t-il pour les hommes qui ont reçu ce don d’être justes et croyants si cet état leur est conféré par la grâce ?
La position de Saint Augustin sur la grâce, la prédestination et la liberté a provoqué une importante controverse au cinquième siècle. Cette controverse, que les défenseurs d’Augustin ont désignée à partir du XVIème siècle sous le nom semipélagique, opposait, dans un premier temps, Augustin à des moines du monastère d’Hadrumète et ensuit à Jean Cassien, le maître à penser des monastères du sud de la Gaule. Ses opposants défendaient la doctrine dite de la « synergie » et ne se proclamaient pas de Pélage, l’appellation semipélagique est donc abusive. La doctrine de la synergie était en accord avec la Tradition des Pères de l’Eglise et  Augustin lui-même y avait adhéré une trentaine d’années plus tôt. Selon cette dernière rien ne peut ne se faire ni se vouloir sans la grâce, mais Dieu veut le salut de tous les hommes et les laisse libres quant à leur position spirituelle. Si l’homme choisit, par son libre arbitre, le bien, alors les deux, la volonté et la grâce, collaborent pour aider l’homme à s’y tenir. Cela est réfuté dans la pensée augustinienne. C’est pour cela que la doctrine augustinienne, qui est précisément formée et articulée par son interprétation de la grâce, de la prédestination et du péché originel est une pensée nouvelle et incompatible avec la conception unanime des Pères de l’Eglise des premiers siècles[15], comme l’écrit Zenari dans son article sur la controverse semipélagique.
Cette controverse a débutée par rapport à une lettre, l’« Epistula 194 », qu’Augustin avait envoyé au futur Sixte III en 418 pour s’opposer à Pélage et prévenir du danger que sa pensée représentait. Dans cette lettre, qui était un « véritable condensé de la doctrine augustinienne de la grâce » [16] il explique que rien ne se fait sans Dieu, que celui-ci détermine nos actions et nos volontés. Ainsi nos mérites ne nous incombent pas mais sont les Siens. Aussi ce n’est pas nous qu’il récompense mais ses propres dons. Ayant eu connaissance de cette lettre, les moines en furent choqués car il y voyaient une négation des mérites personnels et du libre arbitre, négation qui rendait inutile tous les efforts, voir toute action. La renommée de l’évêque d’Hippone est depuis tellement importante et sa théologie si fondamentale pour la doctrine catholique que cette polémique et ses conséquences ont été occultées par l’Eglise. Pourtant ses conséquences sont importantes étant donné que les Pères du Midi firent anathématiser la doctrine augustinienne de la grâce au Concile d’Arles en 475, comme contraire à la Foi Orthodoxe[17]... 
Selon la doctrine augustinienne de la grâce, Dieu ne veut pas que tous les hommes soient sauvés mais seulement ses élus. Par le péché originel, l’humanité est devenu « massa damnata », « massa perditionis », la culpabilité héréditaire du premier homme la condamne à la mort et aux peines de l’enfer. Cette chute aliéna la liberté humaine qui n’a dès lors plus été capable de se tourner par lui-même vers le bien, restant seulement libre pour le mal. Cette volonté était libre chez le premier homme, il pouvait librement décider de lui-même, s’orienter et persévérer dans le bien ou de s’en détourner. C’est par libre arbitre qu’il pécha. Son péché, par la néantisation de l’être qu’il entraîna, eut pour conséquence la destruction de l’autonomie du libre arbitre. La puissance de Dieu intervient depuis sur ce libre arbitre, s’exerce sur lui. Il n’est dès lors plus question d’une relation entre deux volontés, celle de l’Homme voulant être dans le bien et celle de Dieu voulant par la grâce l’y aider. La relation devient à sens unique : « Depuis la chute de l’homme, au contraire, Dieu veut que ce soit à Sa grâce seule que l’homme doive de s’approcher de lui, et que ce soit à sa grâce seule qu’il doive de ne pas la quitter.»[18] C’est à partir de son « Ad Simplicium » en 396, il s'appuie sur Saint Paul, qui dans son Epître aux Philippiens écrit « Dieu opère en nous le vouloir de faire. »[19] pour affirmer que la volonté ne peut rien sans la miséricorde divine, que c’est uniquement parce que Dieu nous fait miséricorde que nous pouvons vouloir et que c’est avec son aide que nous arrivons à réaliser ce que nous voulons[20]. On peut dire qu'on avait déjà en germe dans ce texte sa doctrine de la grâce et de la prédestination. C'est là qu'il parle pour la première fois de peccatum originale. Mais à cette époque il insiste davantage sur la peine que subit l'homme depuis sa grande faute plutôt que sur sa culpabilité originelle, il comprenait encore le péché en tant que péché personnel. C'est dans ses écrits postérieurs, motivés par le problème pélagien qu'il affina et radicalisa sa pensée en interprétant également le péché comme lot commun de l’humanité.
Dès lors, l’homme ne peut attribuer à lui-même les mérites de son action, son libre arbitre ne se suffisant plus que pour le mal. Si la volonté humaine reste libre, on ne peut plus parler de bien agir sans le secours de la grâce. En effet, les mérites ne commencent qu’avec le don de cette dernière, elle ne nous est donc pas attribuée en fonction de notre action. C’est ce point précis de sa doctrine qui marqua tellement les esprits de son époque. D’après lui, la grâce est  accordée gracieusement, selon les desseins de Dieu et son pure vouloir, c’est en effet ce qui est compris dans le terme même de grâce, selon le langage théologique. Ainsi elle désigne un secours librement donné à quelqu’un et ce sans mérite antécédent, elle est : « la grande merveille, la condescendance divine, en vertu de laquelle l’homme (avant la chute par la vocation première, après la chute par la Rédemption) est élevé à une destination surnaturelle »[21], celle de devenir enfant de Dieu. Mais si c’est Dieu qui nous fait vouloir et agir, pourquoi nous exhorter à faire le bien ?
Pour répondre aux critiques et apaiser les moines, Augustin composa en 426-427 le « De gratia et libero arbitrio » et ensuite, pour répondre au problème qui lui soumaittait un de ces moines quant-à la nécessité d’exhorter au bien et à la prière si cela ne sert à rien, il rédigea le « De correctione et gratia ».  S’étant avéré que ce n’était toujours pas suffisant, il composa encore le « De praedestinatione ganctorum » et le « De dono perseverantiae ». Z250. Augustin était conscient que si les moines comprenaient sa doctrine de la prédestination comme défendant l'irresponsabilité, c'était la fin de la vie monastique. En effet, les moines se révoltaient contre sa pensée en disant que s'il y avait une prédestination divine arbitraire, alors d'une part il ne servait à rien de vivre une vie aussi austère et difficile que la leur et d'autre part qu'ils ne devaient pas être réprimandés de mal faire s'il ne leur a pas été donné la possibilité d'agir selon le bien. Aussi il insistait dans ses lettres et dans le « De correptione et gratia »sur l'importance de la vie communautaire et dans le « De gratia et libero arbitrio » sur l’existence du libre arbitre qui caractérise l’homme.
La Tradition enseignait que l’homme gardait son libre arbitre après la chute, même s’il s’agit depuis d’un libre arbitre plus faible. Dieu par sa prescience prévoie d’avance les actions que les hommes choisiront d’accomplir par leur libre arbitre et c’est en fonction de cela qu’il leur offre la grâce, pour les aider dans le bien qu’ils voudront accomplir. Pour l’évêque d’Hippone, cette vision ne tient pas car elle est en contradiction avec l’essence même de la grâce qui est justement sa gratuité. Pour répondre à ce problème, il compose le traité « De correptione et gratia ». Il y explique que Dieu indique par ses préceptes quel est le bien auquel il faut se tenir et par sa grâce fait aimer aux hommes le bien et ses préceptes qui sont bons. « Ô homme, apprends par le précepte quel bien tu devrais avoir ; apprends par le reproche que tu es responsable de ne pas l’avoir ; apprends par la prière qui peut te donner ce bien que tu désires. »[22] Il faut la charité et le libre arbitre pour pouvoir parler de bien agir. En effet, sans la charité notre action serait dénouée de toute bonté morale et sans le libre arbitre les préceptes touchant la charité ne serviraient à rien aux hommes[23]. L’homme n’a pas été créé pour stagner, il doit agir, prier pour avoir la grâce et, s’il la reçoit, persévérer dans le bien. Les actions humaines elles ont pour rôle de le réaliser l’ordre divin ;il ne faut pas subir la loi mais la vouloir, l’accomplir et l’aimer[24]. Comme l’écrit l’apôtre Paul, il ne faut pas « recevoir en vain la grâce de Dieu »[25]. La persévérance, chez un homme touché par une grâce suffisante, dépend de la volonté quand bien même certains hommes sont aidés en l’ayant reçu en tant que grâce efficiente de Dieu. En effet il y a différents types de grâces. Les grâces suffisantes sont celles qui donnent le pouvoir de bien agir mais ne contraignent nullement, elles ne produisent pas l’action. Elles sont ponctuelles et ne nous accompagnent donc pas en tant qu’aide permanente Les grâces efficientes, par contre, font agir, elles sont efficaces par elles-mêmes car tel est le vouloir de Dieu. Elles sont un don permanent et pour cela on les appelle également grâces habituelles et sanctifiantes. Ceux qui l’ont reçue suivent un régime différent des autres hommes car ils ne peuvent que persévérer, ce sont les saints prédestinés au Royaume de Dieu. Cela dit, ils persévèrent par une libre coopération, leur liberté n’est donc pas aliénée. Selon Augustin il y a donc deux types d’appelés par Dieu. Les premiers sont  simplement appelés et les seconds sont appelés secundum propositum[26]. Ce sont ceux qui sont appelés et élus par un dessein spécial de Dieu et sont ainsi prédestinés à reproduire l’image du Christ ressuscité, ils sont appelés à la foi, à la justification et à la glorification[27]. La grâce de la persévérance est la grâce propre des prédestinés comme les martyrs. T496. .Elle est la participation à la grâce dont Dieu avait doté le Christ.L605 Cette prédestination de la grâce, c’est Dieu qui la donne en toute indépendance, c’est l’expression du pur vouloir divin. A la question du pourquoi Dieu en choisit certains et pas d’autres, Augustin répond qu’il ne le sait pas, que les jugements de Dieu sont impénétrables.T478Mais ce qui est certain c’est qu’il agit avec justesse et miséricorde. Nous pouvons avoir l’impression que le nombre de ceux qui sont sauvés est fort restreint, mais c’est oublier que les hommes sont devenus indignes de Dieu et que ce n’est que parce que Dieu est amour qu’il a choisi, gratuitement et arbitrairement d’en sauver certains parmi eux. Leur nombre est donc déjà grand en soi étant donné que tous méritent de mourir damné. « Celui qui est délivré doit aimer la grâce, et celui qui n’est pas délivré doit reconnaître sa dette. [28]»   Pour revenir à la question des moines quant-à la possibilité d’action étant donné ce qu’Augustin dit de la prédestination, il faut retenir que tous les hommes, quelle que soit la grâce par laquelle il ont été touché, peuvent persévérer car Dieu ne demande jamais l’impossible. Dieu juge ceux qui ne l’ont pas reçue selon leurs mérites, il faut donc faire de son mieux pour rester sur le droit chemin[29]. Cette souveraineté de la grâce ne détruit donc pas l’action humaine. L’homme a toujours son libre arbitre qui lui fait disposer de sa libre volonté, Dieu ne nous sauve pas sans nous, nous restons entièrement libres et donc responsables de nos actes. Dieu nous fait vouloir et agir mais il reste que c’est nous qui voulons et agissons. Ainsi notre volonté et nos actions résultent de la grâce et de notre action. En effet, il faut distinguer deux perspectives. La première est celle du point de vue psychologique de l’homme, ce dernier a le sentiment de déterminer son action, ses choix. C’est avec ce sentiment d’agir librement qu’il quitte Dieu ou persévère dans la voie du bien. Il est donc responsable étant donné que le sentiment du moi, du cogito n’a pas été aliéné avec la chute[30].
 La deuxième perspective est celle de l’aliénation du libre arbitre au niveau ontologique de l’autonomie de la volonté, l’homme ne peut pas de lui-même se tourner vers le bien, c’est Dieu qui, à un niveau supérieur, détermine notre volonté, mais sans que nous en soyons conscients.
La liberté est donc, d’après Augustin, préservée. La grâce nous fait vouloir le bien et ce par une connaissance et un amour qui emportent notre consentement. La puissance de la grâce est une puissance d’attraction morale. P38. Pour agir, l’homme doit toujours donner son assentiment, son action résulte de sa volonté. La grâce ne contraint nullement, elle montre un chemin mais « c’est spontanément, sous l’attraction et dans la délectation de l’amour que la volonté se porte là où Dieu la conduit. »p42T. Il n’en reste pas moins que sous l’action de la grâce nous agissons infailliblement. N’est-ce pas incompatible avec l’idée d’une action libre ? Nullement, écrit encore saint Augustin et il illustre ses propos par un exemple : l’enfant qui apprend que sa mère est mourante va infailliblement la voir. Il y va infailliblement et librement[31].
La question de l’agencement de l’existence du libre arbitre, de la grâce et de la prédestination est une question difficile. Pour lui l’existence du libre arbitre est évidente et ce, d’une part, par le sentiment intérieur que nous en avons et d’autre part, il est avéré par les écritures saintes elles-mêmes. De plus, si on le niait cela nous conduirait à de parfaites absurdités ; la peine serait injuste et la récompense n’aurait pas le moindre sens. Sans le libre arbitre on ne pourrait pas vivre avec droiture, il n’y aurait plus de justice car on pourrait plus parler d’actions bonnes ou mauvaises si elles ne sont le fruits d’actions volontaires. Sans le libre arbitre il aurait été impossible de juger or Dieu punit celui qui fait mauvais usage de son libre arbitre, c’est-à-dire celui qui ne l’utilise pas pour la fin pour laquelle Il le lui a donné. Ainsi Dieu n’aurait pas pu ne pas nous donner le libre arbitre ou nous le donner autrement[32]. Cette conclusion vaut également pour la grâce. Ce sont donc deux vérités dont la ligne d’accord nous est, depuis la chute, cachée. P43T. Si nous n’arrivons pas à faire tenir ensemble ces deux notions, c’est la marque de la division en l’homme. Cette division, cette rupture de l’unité fondamentale est une conséquence de la chute. A présent on ne peut la retrouver que chez Dieu en qui volonté et pouvoir s’identifient, en qui il n’y a nulle différence entre l’être et le devoir-être. Jusqu’à ce qu’il pèche, l’homme était parfait car créé à l’image de Dieu, à sa ressemblance. Il ne peut retrouver seul cette perfection, il doit se tourner vers Dieu. La religion proclame et la prescience divine et la liberté humaine. Augustin est conscient qu’en général on considère qu’il y a un paradoxe entre les deux. En effet, si notre volonté est libre alors ce n’est pas le destin qui détermine les choses et il ne peut donc pas y avoir de prescience. Mais ce n’est pas parce que Dieu est prescient que nous ne sommes pas libre et responsable. En effet, nous faisons ce que nous sentons, nous ne faisons que ce que nous voulons librement. La connaissance de l’avenir n’est pas son asservissement, de même que notre mémoire, notre souvenir ne détermine pas le passé, la prescience de Dieu n’agit pas sur le futur. Il faut faire attention à ne pas confondre la causalité et la prescience.
 Mais si le premier homme était parfait, pourquoi a-t-il déchu ? Augustin pense qu’avant la chute, l’homme était dans un état d’intégrité par rapport à la grâce, que celle-ci ne s’exerçait pas aussi profondément sur lui que sur nous maintenant. A lui la grâce s’offrait comme choix à sa volonté et le laissait parfaitement libre quant à elle. Cette grâce était plus faible que celle dont Dieu nous fait don maintenant et cela parce que le premier homme vivait dans un monde de biens alors que nous vivons environnés de maux, d’où notre prière : « Délivrez-nous du mal »[33]. La  première grâce n’offrait pas le vouloir, elle gardait l’homme juste s’il le voulait alors que pour l’homme après la chute et la rédemption par Jésus Christ, la grâce efficiente fait agir infailliblement. Saint Augustin considère que la liberté actuelle est plus parfaite que celle d’Adam car elle est déterminée par Dieu. Cela semble encore une fois contradictoire mais pour l’évêque d’Hippone le fait d’être déterminée par la toute puissance divine identifie la volonté humaine à celle-ci, elle s’en trouve donc grandie[34]. Son vouloir et son pouvoir sont tous deux guidés par Dieu alors que le premier homme était libre pour son vouloir. La grâce d'Adam était plus heureuse car il aurait pu ne jamais pêcher, il est donc parfaitement responsable de sa chute, d’où la gravité de celle-ci. C’est à cause de la chute que le régime de la grâce a changé et que depuis lors Dieu permet que certains hommes soient laissés dans le doute et à l’infirmité de leur libre arbitre et que d’autres reçoivent la grâce de la persévérance. S’il n’y avait pas eu de chute,  Dieu étendrait sa grâce et la prédestination à tous les hommes, chaque créature naîtrait dans l’état de grâce et recevrait sans réserves les grâces de Dieu. Mais le premier homme ayant péché, Dieu dispense dès lors la grâce selon un dessein mystérieux mais juste. N’est-ce pas injuste que toute l’humanité aie à payer les conséquence du péché du premier homme ? Nullement, écrit Augustin, car tout le genre humain était contenu en puissance dans le premier homme[35].  Dieu voulait qu’il y ait un lien de parenté entre tous les hommes, c’est pourquoi tous descendent d’un seul homme. Ainsi c’est  l’identité humaine elle-même qui a péché et dès lors tous les hommes sont déchus. Le premier homme a ainsi engendré toute une humanité corrompue et condamnée. C’est pour sauver l’homme de cette déchéance que Dieu a envoyé son fils comme rédempteur et nous a fait don de la réhabilitation par la grâce.
Par cette grâce justifiante qui est celle du baptême et par laquelle l’homme est libéré de la faute originelle ainsi que de ses fautes personnelles. Ainsi tout homme peut devenir pur. Mais qu’en est-il de ceux qui n’ont pas reçu cette bonne nouvelle ? En effet, le Christ est mort pour tous les hommes mais beaucoup ne l’ont pas connu et n’ont donc pas accès à la rédemption selon Saint Augustin.  Il y a là, écrit-il, un dessein divin et donc on ne peut pas parler d’injustice. Avec ceux qui ont reçu la nouvelle et refusent de croire on voit que la volonté salvatrice de Dieu n’est pas contraignante. On voit par là que le libre arbitre de l’homme s’exercer en bien ou en mal sur la bonne nouvelle et on comprend que l’homme soit jugé en conséquence.
Dieu laisse chez tous les hommes certaines infirmités afin de les rendre humbles, ainsi la concupiscence contre laquelle tous les hommes ont à lutter et qu’ils peuvent vaincre car ils ont reçu la force de Dieu. L’état de grâce est défini dans un de ses sermons pour Noël comme : « l’état de charité dans un être incorporé au Christ.»[36]. Il écrit : « Homme, éveille-toi : pour toi, Dieu s'est fait homme. Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d'entre les morts, et le Christ t'illuminera .Pour toi, je le répète, Dieu s'est fait homme.
Tu serais mort pour l'éternité, s'il n'était né dans le temps. Tu n'aurais jamais été libéré de la chair du péché, s'il n'avait pris la ressemblance du péché. Tu serais victime d'une misère sans fin, s'il ne t'avait fait cette miséricorde. Tu n'aurais pas retrouvé la vie, s'il n'avait pas rejoint ta mort. Tu aurais succombé, s'il n'était allé à ton secours. Tu aurais péri, s'il n'était pas venu. » [37]
Selon Augustin, la justice réside dans la charité et donc pour connaître la qualité de quelqu’un il faut lui demander ce qu’il aime car c’est par rapport à cela qu’il oriente sa volonté et son action. Celui qui cherche le bien est celui qui a dans son cœur la charité, c’est celui-là qui identifie sa volonté à celle de Dieu. En effet, celui qui aime, celui qui a au cœur l’amour de Dieu devient spontanément docile aux vouloirs divins. Tous les préceptes lui sont faciles et si ce n’est pas le cas c’est qu’il n’aime pas suffisamment.
Mais pourquoi n’aime-t-il pas suffisamment ? Pourquoi se laisse-t-il détourner du Bien ? Si le mal existe, il doit être, comme toutes choses, créé par Dieu. Dès lors, en tant que Créateur, n’en est-il pas responsable ? Cette question l’a toujours tourmenté et s’est en cherchant à y répondre qu’il s’est lié à la pensée manichéenne à une certaine période de sa vie. C’est une question centrale du traité « De libero arbitrio » et s’il l’a intitulé ainsi c’est parce que « le mal n’a d’autre cause que le libre arbitre de la volonté .»[38] Le traité est rédigé en tant que compte rendu d’une discussion entre Saint Augustin et son ami Evode. Ce dernier interroge Saint Augustin et sous la forme des dialogues platoniciens, ils constituent des réponses à ces questions. Celles-ci portent sur la question du bien, du mal et du libre arbitre de la volonté. Il s’agit de comprendre comment ce dernier est possible avec la prescience divine, comment Dieu n’est-il pas responsable du mal s’il l’a rendu possible...
Il faut tout d’abord définir ce qu’est le mal. Il y a d’une part le mal agir, c’est à dire commettre des péchés et d’autre part le fait de subir un mal. Dieu, en tant que justicier, punit. Il peut donc faire subir le mal. En ce sens, Dieu prévoit le péché et le permet mais il ne le veut pas et ne le cause pas. Celui qui agit mal c’est celui qui le commet, c’est l’homme. Il en est donc la cause et le responsable.
 Le libre arbitre est à comprendre dans ce traité comme le pouvoir de décider librement entre un bien supérieur et un bien inférieur. L’homme doté du libre arbitre faisant un mauvais choix n’optera donc pas pour le mal en tant que tel mais un pour un bien inférieur. En effet, contre les manichéens pour lesquels le monde est partagé entre le Bien et le Mal et ne peut de ce fait avoir été créé par un Dieu bon, Augustin proclame que le mal en soi n’existe pas, le mal n'est pas un en-soi[39]. Pour expliciter cela il passe par l'analogie avec la lumière, ainsi comme les ténèbres ne sont qu'une absence de lumière, le mal est une absence de bien. Le mal est une corruption, une dégénérescence et celle-ci n’est pas dans la nature mais est contre-nature. Ainsi on ne connaît pas le mal par sa réalité étant donné qu’il n’en a pas, mais en tant que privation de réalité[40]. En effet, toutes les choses de la nature sont bonnes car créées par Dieu, aussi le mal n’est pas dans la nature. En participant au bien, la nature est bonne mais ce n’est pas en participant au mal qu’elle devient mauvaise, c’est par privation de bien qu’elle est capable de malice. Le mal est un défaut d’être, la nature ayant été tirée du néant en se détournant du bien qui l’a faite y retourne. C’est donc par défaut volontaire que la vie penche vers le néant. Accuser la nature de nos vices, c’est insulter le Créateur qui en est à l’origine. Il n’y a que différents types de biens, d’une part les biens supérieurs telles les vertus dont on ne peut mésuser, ensuite les biens moyens qui sont les puissances de l’âme sans lesquelles on ne saurait bien vivre et en fin les biens petits dont l’usage dépend de nous et qui concernent la force et la beauté du corps. Ainsi, il ne faut pas rejeter la chair au profit de l’âme car Dieu nous a fait de chair et d’âme[41]. La volonté fait partie des biens moyens, elle sert à obtenir les biens supérieurs si elle ne se détourne pas de sa voie. C206. Contre les manichéens, il faut comprendre que nous ne possédons nullement une double volonté, une bonne et une mauvaise mais bien une seule âme qui peut, lorsqu’elle délibère, hésiter entre les différents états -plus ou moins corrompus- de la même volonté bonne et intelligente.N423-424. Cette volonté recherche ou fuit les différents objets extérieurs et de cette façon se transforme. En restant droite elle est un amour bon, en s’unissant à un bien immuable, telle la vérité, elle conduit au bonheur. Mais en se déréglant elle devient amour mauvais[42].C182 L’homme a été créé droit pour vivre selon Dieu, c’est-à-dire dans la vérité. Il est censé vivre selon son auteur et pas selon lui-même, car depuis la chute, l’homme vivant selon lui-même vis selon le diable. S’il préfère enfreindre le genre de vie pour lequel il a été conçu, alors Augustin parle de péché et de mensonge, tout péché étant mensonge. Ce genre de vie est motivé par une volonté mensongère car on veut être heureux mais en vivant d’une façon qui ne permet pas le bonheur. Le malheur est dans une volonté mauvaise, le bonheur dans une volonté bonne et aimante. On fait alors pour notre bien ce qui lui est exactement contraire, on se fait du mal. En effet, l’homme ne peut trouver son bonheur qu’en Dieu. Augustin explique dans sa « Cité de Dieu » que parmi tous les peuples il existe deux Cité. La première regroupant ceux qui veulent vivre selon l’esprit, c’est-à-dire selon Dieu, et la seconde ceux qui choisissent de vivre selon la chair[43]. Mais il ne faut pas oublier que tous les hommes, étant corporels, vivent également selon le corps. La différence entre les deux cités consiste dans l’usage qu’ils en font. Le corps n’est pas mauvais en soi, c’est seulement lorsqu’il est corrompu qu’il alourdit l’âme. Sa corruption vient du premier péché et non l’inverse, c’est l’âme pécheresse qui a rendu le corps corruptible[44]. Cette obsession du corps est la première conséquence du péché. En critiquant les manichéens, Augustin insiste sur le rôle de la volonté comme étant au centre de tout acte éthique. Mal agir consiste donc à se détourner du bien immuable au profit de biens changeants, c’est à dire se détourner des vérités éternelles et de Dieu pour les biens matériels. Ces biens matériels ne sont pas mauvais, étant dans la nature, ils ne peuvent être, comme nous l’avons vu plus haut, que des biens moralement neutre. On peut parler de mauvaise volonté, non mauvaise en soi mais mauvaise par ce retournement qu’elle choisit. De même, on ne défaille pas vers le mal mais de façon mauvaise. La volonté, définie comme mouvement de l’âme qui librement se porte vers ce qu’elle veut obtenir, a été créée bonne mais comme elle a été tirée du néant, sa nature est muable, elle peut donc se détourner du bien qu’il lui a été donné de voir et cela par son seul libre arbitre. L’origine du mal est dans cette instabilité de l’âme laquelle est inhérente au fait d’avoir était créée à partir de rien. Le fait d’avoir été créée à partir du néant lui confère un certain élément de non-être et une tendance à la non-existence. Pour lutter contre cela elle porte la marque de Dieu : sa rationalité et son libre arbitre[45]. Le libre arbitre est la faculté d’auto-motion de la volonté. Pour cette idée de la volonté qui se meut par elle-même, Augustin s’est inspiré du « Tusculanes » de Cicéron, ce dernier s’étant inspiré du « Phèdre » de Platon où il est écrit que l’âme est un principe de mouvement en tant qu’elle se meut elle-même[46]. Cicéron infléchit la pensée platonicienne pour dire que la faculté de se mouvoir appartient à l’esprit et a pour cause la volonté elle-même. Celle-ci  contient en elle-même sa propre nature, sa propre cause et c’est pour cela qu’elle est libre.
 Lorsqu’elle se détourne librement du bien, elle devient ce qu’on appelle une mauvaise volonté et c’est elle qui est le mal, celle qui limite et corrompt la nature. Cette mauvaise volonté trouve son origine dans le libre arbitre car rien ne l’oblige à céder à la passion. Mais alors, la liberté n’est-elle pas un mal étant donné qu’elle est à l’origine du mal ? Nous venons de voir tout ce qu’implique la liberté de la volonté et il apparaît comme évident qu’elle est un bien, ce qu’on savait par ailleurs déjà par le fait qu’elle nous a été donnée par Dieu. Dieu n’est pas responsable de ses excès qui engendrent le mal, c’est par elle-même que l’âme en est responsable. Il suffit qu’elle ne veuille pas de ce retournement vers le néant pour qu’il ne se produise pas. Par contre pour se tourner vers le bien il faut à la volonté le secours de la grâce.
Saint Augustin et Evode se donnent pour but de procéder en rationalistes, de comprendre par l’intelligence ce qu’ils savent déjà par la foi. Evode interroge les points de la  doctrine qui « calent » ceux qui justement sont difficile à appréhender par la raison au premier abord. Mais comme le dit Saint Augustin, avec l’aide de Dieu on peut y arriver. « Engage-toi équipé par la piété, dans les voies de la raison. »[47]C118chercher dans notes.  Il reste néanmoins des moments où il faut savoir s’arrêter. Ainsi on ne peut pas commencer à chercher la cause de la volonté mauvaise, ce qui nous pousse à préférer des biens inférieurs, sinon on se mettra à chercher pareillement la cause de cette cause et ainsi de suite à l’infini. Dans « De ciuitate Dei » Augustin affirme par ailleurs que rien n’est la cause efficiente de la mauvaise volonté[48]. En effet, on ne peut pas parler de cause efficiente mais de cause déficiente. L’homme défaillit de Dieu, Être Suprême vers ce qui a moins d’être. Comme cette cause est déficiente il n’y a aucun sens à vouloir la chercher. La volonté est intérieure à elle-même, c’est par elle-même qu’il faut l’expliquer. Finalement, ce qui importe c’est notre attitude vis-à-vis d’elle. S’il est impossible du point de vue de la nature de ne pas lui céder, c’est qu’il est naturel de le faire. Par contre si on le peut et qu’on ne le fait pas, on commet un péché qu’on aura décidé librement de commettre. Augustin prend pour exemple deux hommes avec la même disposition de corps et d’esprit face à un corps désirable. L’un éprouve du désir d’en jouir illicitement alors que l’autre préfère préserver sa chasteté.  D’où vient cette différence entre eux ? Si l’un a voulu défaillir et pas l’autre ; cela est dû à leur volonté propre[49]. L’homme est né avec son libre arbitre qui lui permet de choisir le mal. Mais une fois qu’il l’a fait il devient esclave du péché et on ne peut plus parler de liberté pour lui. Il s’enfonce alors dans un cercle vicieux car le péché appelle le péché. Il est juste que celui qui, dans un premier temps, voyant le bien et lui ayant préféré un bien inférieur, oublie comment agir étant donné qu’il se servait mal de cette capacité et qu’il ne soit plus capable d’agir bien quand il le voudra. Une chaîne d’habitudes mauvaises se forme et devient une seconde nature, viciée et corrompue. Ainsi toutes les âmes pécheresses sont punies par l’ignorance et la difficulté. Mais il n’y a pas que les hommes injustes qui souffrent de ces maux, c’est le lot de tous les hommes, souvent ils ne leur est pas donné de savoir clairement ce qui est juste et même quand ils le savent, le choix reste difficile. Grâce à la prudence, il peuvent en général déterminer ce qui est désirable mais néanmoins on ne peut que rarement parler d’évidence et de facilité[50]. Augustin s’est demandé si Dieu a voulu les choses ainsi pour apprendre à l’homme à maîtriser les problèmes et devenir libre ou pour le punir de sa déchéance originaire[51]. Dans son traité « De libero arbitrio » il s’emploie principalement à réfuter l’argument des manichéens selon lequel les maux de la vie humaine prouvent que le monde n’est pas créé par un Dieu bon. Il défend donc plutôt la première hypothèse mais vers la fin de sa vie il penche davantage pour la seconde.  Seul Dieu peut libérer l’homme et l’homme vraiment libre est celui qui ne choisit que le bien car, libéré du péché qui entrave justement la liberté, il n’aimera et ne sera attiré que par le bien et ira librement vers Dieu, Bien Suprême. La liberté est dans la grâce. En effet, c’est la grâce qui nous délivre de la difficulté à choisir et de l’ignorance, en nous délivrant, elle nous rend libres. Cependant il ne s’agit pas là de liberté parfaite mais seulement de son possibilité. La liberté parfaite ne peut être atteinte que dans l’éternité, on ne peut la connaître que dans la Résurrection. TR 41,8.Dans « Le libre arbitre » Augustin fait la différence entre liberté et libre arbitre et dit qu’ on ne peut parler de vraie liberté que pour les hommes heureux attachés à la loi éternelle.[52] C’est la liberté d’Adam au paradis et dont bénéficieront les élus au ciel, c’est la liberté de posséder la plénitude de la justice et l’immortalité[53]. De cette liberté originelle il ne nous reste que le libre arbitre limité par notre condition de mortel.
 A la base Dieu a fait l’homme tel qu’il puisse connaître son esprit grâce à son intelligence, à sa volonté et à sa mémoire[54]. C’est là la trinité intérieure de l’homme[55]. B400. L’esprit est tout entier dans chacune de ces puissances, ce qui lui permet de savoir qu’il comprend, qu’il veut et qu’il se souvient. De même que chacune de ces puissances, la volonté est toute entière en elle-même, c’est ce qui nous permet de penser le libre arbitre[56]. Ainsi elle ne dépend pas de l’intelligence ni de la mémoire, ces puissances sont irréductibles les unes aux autres.
Berman propose de mieux comprendre la nature du libre arbitre en effectuant une analogie avec l’esprit. Tous deux sont immanents à eux-mêmes, se définissent par leur intériorité et Augustin recourt aux mêmes expressions pour parler de l’un et de l’autre. Ainsi, si l’esprit qui se cherche en dehors de lui-même ne se reconnaît plus et la volonté qui agit non pas librement mais sous l’emprise des passions semble perdre son libre arbitre 362B. La volonté doit toujours être pensée comme se voulant elle-même, il ne faut pas l’objectiver et la penser comme une chose extérieure qui veut les choses auxquelles elle fait face car à ce moment-là on la déterminerait par rapport à ces choses et on la comprendrait comme une cause qui obéit à des causes qui lui sont extérieures.B364. La volonté est à elle-même son propre principe, elle est en elle-même, c’est elle qui se détermine par sa volonté, elle se détermine à vouloir ce qu’elle veut, c’est donc par notre libre arbitre que nous voulons et non par les choses extérieures. On voit ici clairement pourquoi ce ne sont pas ces choses qu’il faut juger comme bonnes ou mauvaises mais la volonté. Doucey 132 s’appuyant sur les confessions : Augustin a été effrayé par cette liberté de volonté qui peut si facilement être influencée par l’entourage et par la faiblesse de sa nature[57].
Dieu donna à l’homme une nature intermédiaire entre l’ange et l’animal et suivant l’usage qu’il fera de son libre arbitre, il rejoindra l’un ou l’autre. Ainsi, s’il suit les préceptes divins il rejoindra les anges et jouira du bonheur éternel. Si par contre il abuse de son libre arbitre par orgueil et désobéissance, il sera condamné à une vie de bête, totalement soumis aux passions et voué à un éternel supplice[58]. Pour être dans l’ordre parfait, il faut que domine en l’homme ce qui lui est spécifique, c’est-à-dire l’esprit et l’intelligence. Le règne de l’esprit est le règne des sages. Comme l’esprit a plus de pouvoir que le désir, il permet de maîtriser ce dernier.C127. Seule la volonté a le pouvoir de corrompre l’esprit. En effet, quelque chose qui lui est supérieur ou égal ne peut être injuste sans lui devenir inférieur et quelque chose d’inférieur ne peut pas l’influencer de par sa faiblesse. La force de l’âme est dans sa capacité de ne pas prendre en compte les choses qui ne sont pas en son pouvoir et donc de ne pas s’affliger de la perte de ces choses telles que la richesse, la gloire. La tempérance est la vertu qui nous réfrène l’envie de posséder des choses qu’il est honteux de désirer. Celui qui a une volonté bonne possède ces vertus de force, de tempérance et de sagesse. Il lui est donc plus facile de vivre selon le bien et d’être heureux. Si, comme nous l’avons vu, le péché entraîne le péché, la volonté bonne entraîne le bien et une vie digne de louange qui est le bonheur. Mais alors, si le bonheur est si facile à obtenir, s’il suffit de le vouloir, alors pourquoi tous les hommes ne l’ont pas ? Augustin explique à son ami que ceux qui sont heureux ne le sont pas parce qu’ils désirent le bonheur, ce que tous veulent, mais bien parce qu’ils désirent vivre avec droiture, ce qui n’est pas le cas de tous les hommes. Ainsi ceux qui sont malheureux le sont parce qu’ils ne désirent pas ce qui est essentiel au bonheur. C’est ce qui dit la Loi éternelle en posant que le mérite est dans la volonté et qui la récompense ou le châtiment est dans le bonheur ou dans le malheur[59]. A côté de la Loi éternelle, il existe la Loi temporelle. Il y a donc deux types de lois qui correspondent aux deux types d’hommes, ceux qui aiment les réalités éternelles et ceux qui préfèrent les réalités temporelles.  Chaque type est régi par la loi qui lui correspond même s’ils sont tous attaché, en tant qu’hommes en qui subsiste l’image de Dieu, à la loi éternelle qui demande de se détourner des réalités temporelles au profit des réalités éternelles. La loi temporelle, quant-à elle, distribue à chacun selon son dû les choses terrestres, c’est-à-dire les choses du corps telles la santé, la beauté, la force, la liberté en tant qu’indépendance, les honneurs, l’argent... Elle s’occupe de punir ceux qui enlèvent ces biens aux autres, elle inflige une peine qui n’en serait pas une si les hommes ne voulaient pas ces choses. C’est donc une peine qu’il n’est pas nécessaire de subir, qui dépend de notre volonté. En effet, si tous les hommes font usage des choses terrestres, ils le utilisent différemment. On parle de mauvaise utilisation quand les hommes se soumettent aux choses qui devraient leur être soumises. Le bon usage consiste à se tenir au-dessus d’elles, pouvoir les gouverner et les posséder mais aussi, et surtout, à pouvoir s’en passer.
Evode demande à Augustin comment se fait l’évidence sur l’existence de Dieu, comment on sait que tout ce qui est bon vient de Lui et enfin si parmi ces biens il faut inclure le libre arbitre de la volonté. Augustin s’emploie alors à démontrer l’existence de Dieu. Pour cela il montre que nous avons des connaissances communes que tous perçoivent sans altération. Ainsi par exemple l’unité alors que nous sommes entourés de multiplicité. Cette unité nous ne l’avons donc pas apprise par les sens mais par le raisonnement. Il existe donc une vérité immuable qui contient tout ce qui est immuablement vrai. Cette vérité est nécessairement supérieur à l’esprit sinon elle serait muable comme lui, or elle est immuable, entière et incorruptible. C’est à partir d’elle que nous jugeons nos esprits. Ainsi en démontrant l’existence de quelque chose de supérieur à l’esprit Augustin a prouvé l’existence de Dieu car rien parmi les choses terrestres n’est au-dessus de l’esprit. En effet, au début de cette partie du dialogue, Augustin et son ami se sont mis d’accord sur l’hypothèse que s’ils arrivaient à trouver quelque chose au dessus de l’esprit, ce serait Dieu. Ils ont trouvé la vérité immuable. Si rien n’est au dessus de cette dernière, alors elle s’identifie à Dieu. Pour la deuxième question, celle qui cherche savoir comment tous les biens viennent de Dieu, Augustin part du fait que toutes les choses viennent du néant et sont par là muables. Pourtant nous pouvons les saisir et cela uniquement parce qu’elles ont reçu une certaine unité grâce à laquelle elles ne retombent pas dans le néant. Il existe donc une forme immuable et éternelle qui leur confère cette unité, cette capacité d’être formé car rien ne peut se former de soi-même car rien ne peut se donner ce qu’il n’a pas. Comme il a été démontré que Dieu existe en tant que forme immuable, il est évident que c’est lui qui fait subsister toutes choses. Les choses terrestres se divisent en celles qui ont l’existence, la vie et l’intelligence. Ces trois catégories peuvent être réduites en corps (pour l’existence) et en vie pour la vie et l’intelligence. En tant que formes, ces catégories viennent de Dieu. Donc toutes les choses viennent de Dieu.

On voit que les écrits qui traitent de ces questions ont souvent été rédigés dans un contexte de controverse ce qui fait que de livre en livre, des nuances ou des radicalisations apparaissent, ne permettant pas toujours une claire compréhension de sa pensée. Comme le souligne Brune, la pensée d’Augustin n’est pas toujours très systématique, il ne définit que rarement les termes qu’il emploie et s’il le fait, il change leur définition selon l’utilisation qu’il en fait, selon la visée que poursuit son écrit.





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[1] NOURISSON, p. 416.
[2] NOURISSON, ibid.
[3] De Natura et Gratia, XL, 47, BA t. 21, p. 333 cité dans http://peresdeleglise.free.fr/Augustin/liberte.htm
[4] LANCEL S., op cit., Saint Augustin, p. 464.
[5] Voir Lettre à Démétriade, cité par LANCEL S., ibid., p.483.
[6] LANCEL S., ibid., p.485.
[7] AUGUSTIN, La cité de Dieu, XXIII, p.122.
[8] BRUNE, p271..
[9] Sermon 169,13 cité par LANCEL S., op. cit.,  Saint Augustin,  p. 483.
[10] CHENE  J., op. cit. La théologie de saint Augustin. Grâce et prédestination, p. 24.
[11] GILSON E., Introduction à l’étude de Saint-Augustin, Paris, Vrin, 1929, p.200.
[12] LANCEL S., op. cit. Saint Augustin, p. 465.
[13] SAINT AUGUSTIN, op. cit., La cité de Dieu, IV, p.127.
[14] SAINT AUGUSTIN,ibid., XVI, p. 175.
[15] M. ZENARI, La controverse sur la prédestination au 5ème siècle : Augustin, Cassien et la tradition dans Saint
                         Augustin, Les dossiers humains, l’âge d’homme, p249.
[16] LANCEL S., op. cit. Saint Augustin, p. 599.
[17] ZENANIRI M., ibid., p. 248.
[18] SAINT AUGUSTIN, De dono erventiaie, VII,13,p 627, cité par ZENARI M., op. cit., La controverse sur la
                                     prédestination au 5ème siècle[ ...], p. 251.
[19] SAINT PAUL, Epître aux Philippiens, 2,13 cité par LANCELOT S., op. cit. Saint Augustin, p. 602.
[20]  SAINT AUGUSTIN, A Simplicien, IV, 12 cité par CHENET J., op. cit., La théologie de Saint Augustin,
                                      p. 112.
[21] LALANDE A., Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Paris, Presses Universitaires de France,
                              2002, p.388.
[22]SAINT AUGUSTIN, De correctione et gratia,  III, 5 cité par CHENET J., op. cit., La théologie de saint
                                    Augustin. Grâce et prédestination, p. 476.
[23] SAINT AUGUSTIN, De la grâce et du libre arbitre, XVIII, 37 cité par CHENET J., ibid., p. 470.
[24] GIBSON, op. cit., Introduction à saint Augustin, p. 171.
[25] cité par SAINT AUGUSTIN, De la grâce et du libre arbitre, V, 12  p. cité par CHENET J., ibid., p. 466.
[26] CHENET J., ibid., p. 77.
[27] SAINT AUGUSTIN, De correptione et gratia, cité par CHENET J., ibid., p. 502.
[28] SAINT AUGUSTIN De dono perseverantiae, VIII, 16, cité par ZENARI M., op. cit.,  controverse...
                                       p253.
[29] SAINT AUGUSTIN De correptione et gratia, XIII,42.  cité par CHENET J., ibid., p. 502.
[30] ZENARI M., op. cit., La controverse... p.252.
[31] CHENET J., op. cit., La théologie de saint Augustin, p. 42.
[32] NOURISSON ?, op. cit., La philosophie de saint Augustin, p. 429.
[33] SAINT AUGUSTIN, De correctione et gratia, X, 26, et XI, 29, cité par CHENET J., op. cit., p.488. et p.492.
[34] SAINT AUGUSTIN, De correctione et gratia, VI, 32, in CHENET, ibid., p. 343.
[35] SAINT AUGUSTIN, op. cit., La cité de Dieu, XIV, p. 138.
[36] SAINT AUGUSTIN, Sermon 185, cité par CHENET J., op. cit., La théologie de saint Augustin, p. 59.
[38] I,9.Révisions, p92 lib arb
[39] FERRIER p. 17.
[40] La cité de Dieu, VII, p81.
[41] SAINT AUGUSTIN, op. cit., La cité de Dieu, p
[42] SAINT AUGUSTIN, ibid.,VII, p.182
[43] SAINT AUGUSTIN, ibid., XVI, p170.
[44] SAINT AUGUSTIN, ibid., XVI, p.173.
[45] CHADWICK  H, op. cit., Augustin,  p. 62.
[46] BOTMAN, op. cit., Le cogito  p.366.
[47] SAINT AUGUSTIN, op. cit., La cité de Dieu, p. 118
[48]SAINT AUGUSTIN, ibid.,  La cité de Dieu, VII, p. 81.
[49]SAINT AUGUSTIN, ibid., VI, p. 80.
[50] SAINT AUGUSTIN, ibid., XIII, 27, p. 133.
[51] CHADWICK H., Augustin, p. 63.
[52] Le libre arbitre, 1, 32.
[53] LANCEL, ibid, p598.
[54] BERMAN E., op. cit, Le cogito dans la pensée de saint Augustin, p. 360.
[55] BERMAN E., ibid., p. 400.
[56] AUG de lib arb I, 16, 35.
[57] DOUCET D., Augustin, Paris, Vrin, 2004, p.137.
[58]SAINT AUGUSTIN., op. cit., La cité de Dieu, XXII, p. 112.
[59]SAINT AUGUSTIN., ibid., p.138.

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